Hong Kong (awp/afp) - Le géant bancaire HSBC a annoncé mardi un bond de 30% de son bénéfice net pour l'année 2018 marquée par un dernier trimestre difficile, avec la guerre commerciale sino-américaine et le Brexit en toile de fond.

Le groupe basé à Londres mais actif à travers le monde et particulièrement en Asie, a déclaré vouloir tenir ses objectifs financiers malgré tout alors que "les perspectives économiques internationales deviennent plus imprévisibles".

Le résultat net part du groupe est ressorti à 12,608 milliards de dollars contre 9,683 milliards l'année précédente.

HSBC a connu des changements à sa tête l'année dernière. Le directeur général John Flint a succédé en février dernier à Stuart Gulliver, en promettant croissance et maîtrise des coûts après une période caractérisée par des suppressions d'emploi, la vente d'actifs et un ancrage asiatique encore plus marqué. Le nouveau président Mark Tucker est, lui, arrivé en octobre.

La croissance annuelle masque cependant un quatrième trimestre difficile du fait des tensions entre Pékin et Washington et de la débâcle générale des marchés, en particulier à Hong Kong et en Chine.

Les résultats trimestriels ont déçu les attentes, a relevé l'agence financière Bloomberg. Le bénéfice ajusté avant impôt a reculé de 1% entre octobre et décembre, à 3,39 milliards de dollars, en deçà des 4,4 milliards attendus.

La banque a évoqué des "défis" posés en fin d'année "par l'environnement extérieur".

Dickie Wong, analyste de Kingston Securities, a estimé que HSBC n'avait pas satisfait aux attentes pour le quatrième trimestre car elle est très "dépendante" des marchés chinois et hongkongais.

"Le ralentissement de l'économie, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis (sont autant) d'incertitudes, c'est pour cela qu'elle a raté les estimations", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Avantage important" pour le Brexit

Pour Jackson Wong, Huarong International Securities, le chiffre d'affaires est également un peu décevant.

"L'un des éléments clé c'est que le chiffre d'affaires n'a pas augmenté autant qu'escompté, la rentabilité n'est pas aussi bonne que prévu", a-t-il dit à l'AFP.

La valeur était lourdement sanctionnée mardi après-midi la Bourse de Londres, perdant 4,19% à 635,90 pence vers 13H20 GMT.

HSBC est confrontée, comme les autres banques, aux incertitudes persistantes sur le Brexit, prévu le 29 mars mais dont les conditions font l'objet d'un véritable blocage politique au Parlement britannique.

"Nous continuons à nous préparer au départ du Royaume-Uni de l'Union européenne", a déclaré M. Flint, ajoutant que la "banque universelle bien établie en France" de HSBC constituait pour son groupe "un avantage important".

Dans son rapport annuel publié également mardi, la banque a toutefois porté à 410 millions de dollars, soit une hausse de 165 millions, ses provisions pour les crédits non remboursés, en raison d'"un niveau plus élevé d'incertitude économique au Royaume-Uni".

Selon les analystes, les banques pâtiront d'un Brexit sans accord mais HSBC est mieux protégée que la plupart de ses concurrents britanniques, en partie grâce à son arrimage asiatique.

"Les fondamentaux de la croissance en Asie restent solides malgré des perspectives économiques régionales moins favorables", a souligné M. Tucker.

Le "système du commerce international reste soumis aux pressions politiques, et les divergences entre la Chine et les Etats-Unis vont probablement marquer encore l'année 2019".

Mais les progrès réalisés dans les discussions commerciales entre l'UE, Singapour et le Japon, de même que le partenariat transpacifique permettent d'amortir les coups, a-t-il fait valoir.

Lors d'une conférence téléphonique, John Flint a expliqué que "personne n'est pressé" de voir les Etats-Unis taxer davantage les biens chinois, ce qui "ne serait pas bon pour la région", selon lui.

En 2017, HSBC avait multiplié par sept son bénéfice net après des années de restructurations, de dizaines de milliards de dollars de pertes et de coûteux scandales.

HSBC avait annoncé en 2015 qu'elle se séparait de quelque 50.000 employés dans le cadre d'un plan de restructuration planétaire, incluant la vente de ses activités au Brésil et en Turquie.

afp/rp