Hong Kong (awp/afp) - Le géant bancaire HSBC a annoncé mardi une chute de son bénéfice net de 57% au premier trimestre en raison d'une hausse attendue des pertes sur les crédits, conséquence du choc économique de la pandémie de coronavirus.

La banque, établie à Londres mais active à travers le monde et particulièrement en Asie, affiche un résultat net part du groupe sur la période de janvier-mars de 1,785 milliard de dollars.

"L'impact économique de la pandémie de Covid-19 sur nos clients a été le principal moteur de l'évolution de nos performances financières depuis le début de l'année", a affirmé dans un communiqué le patron du géant bancaire, Noel Quinn.

La banque prévoit des pertes de crédits en 2020 d'un montant compris entre 7 et 11 milliards de dollars.

Les plus grands risques proviennent actuellement des "secteurs du pétrole et du gaz, des transports et de la consommation non indispensable", selon la banque.

HSBC évoque notamment une "charge importante" liée à un client à Singapour.

"Sans donner de noms, HSBC fait allusion à Hin Leong Trading", une société de courtage de pétrole victime de la crise, qui fait l'objet d'une enquête à Singapour et qui doit restructurer des milliards de dollars de dette, selon Fiona Cincotta, analyste chez Gain Capital.

Nombre d'entreprises ne vont pas être capables de rembourser les prêts contractés, compte tenu d'une activité économique à l'arrêt dans de nombreux pays.

M. Quinn a cependant assuré que le groupe bancaire faisait face à la pandémie mondiale "en position de force" avec "de solides niveaux de capitaux, de financement et de liquidité".

Lors d'une conférence téléphonique, il a même estimé que la réouverture de l'économie notamment en Asie était un "encouragement pour le reste du monde".

Si la propagation du virus est enrayée, "il y a un chemin pour la reprise économique", a-t-il dit.

Cette crise économique liée à la pandémie de coronavirus survient au moment où la banque britannique est engagée dans un vaste plan de réduction de coûts, censé doper sa croissance et sa rentabilité.

En février, elle avait annoncé la suppression de 35.000 emplois en trois ans et une sévère réduction de voilure aux Etats-Unis et en Europe, afin de se concentrer davantage sur l'Asie.

Suppressions d'emplois suspendues

Mais en raison du Covid-19, HSBC a confirmé mardi qu'elle entendait, pour le moment, suspendre ce plan massif de suppression d'emplois "afin de réduire l'incertitude" à laquelle beaucoup de ses salariés seraient confrontés dans un marché de l'emploi en très mauvaise santé.

Le titre de la banque reculait de 0,85% à la Bourse de Londres vers 09H20 GMT.

"Compte tenu de l'état de l'économie et du manque de visibilité, les résultats de la banque sont dépendants des pertes sur crédits alors que la récession affecte les emprunteurs", résume Mme Cincotta.

A travers la planète, les banques sont durement touchées par la volatilité des marchés et le ralentissement économique causé par la pandémie.

Beaucoup ont bénéficié de vastes plans d'aides des banques centrales.

M. Quinn a été officiellement nommé directeur général de la banque en mars après avoir été propulsé directeur général par intérim l'été dernier quand son prédécesseur, John Flint, a été brutalement évincé après deux ans en poste seulement.

Ce nouveau patron a pour lourde tâche de mettre en oeuvre une vaste réorganisation de la banque, présente dans une cinquantaine de pays mais qui réalise une grande partie de ses bénéfices en Asie.

Ces dernières années, la banque a enregistré de bonnes performances en Asie, notamment grâce à la Chine, au détriment de l'Europe et des Etats-Unis.

Par ailleurs, début avril, HSBC, comme d'autres grandes banques britanniques, a renoncé à verser un dividende cette année, à la demande de la Banque d'Angleterre (BoE), pour préserver ses liquidités en pleine crise du coronavirus.

Cette annonce avait provoqué la colère des investisseurs en Asie, où environ 90% des bénéfices de HSBC sont réalisés.

Dans le communiqué accompagnant les résultats du premier trimestre, la banque a cependant affirmé que sa politique de dividendes serait réévaluée d'ici la fin de l'année.

afp/al