Hong Kong (awp/afp) - Le géant bancaire britannique HSBC a fait état lundi d'un bénéfice net en baisse de 77% au premier semestre, sous l'effet cumulé de la crise du coronavirus et de l'aggravation des tensions sino-américaines.

Sur les six mois, le groupe a dégagé un bénéfice net de 1,97 milliard de dollars, contre 8,50 milliards au premier semestre 2019.

L'effondrement est particulièrement marqué au deuxième trimestre, au cours duquel la banque a réalisé un bénéfice net de 192 millions de dollars, en chute de 96% par rapport au deuxième trimestre 2019, quand il était ressorti à 4,4 milliards de dollars.

"Notre performance au premier semestre a été impactée par la pandémie de Covid-19, la chute des taux d'intérêt, la hausse des risques géopolitiques et la plus grande volatilité des marchés", a déclaré le directeur général de la banque, Noel Quinn, dans un communiqué à la Bourse de Hong Kong.

"Les six premiers mois de 2020 figurent, de mémoire d'homme, parmi les plus difficiles", s'est-il expliqué.

Pertes sur crédit

A l'instar du premier trimestre, la banque a continué de déplorer d'importantes défaillances chez ses emprunteurs au deuxième trimestre. Le pertes sur crédit et charges de dépréciation sur crédits s'élèvent à 6,8 milliards de dollars sur les six premiers mois de l'année, soit six fois plus qu'au premier semestre 2019.

"La forte augmentation des pertes sur crédits attendues (...) a impacté tous les marchés, en particulier ceux extérieurs à l'Asie", a dit M. Quinn.

Mais avant même que l'épidémie partie de Chine ne gagne tous les continents, HSBC était confrontée à d'importantes difficultés liées à la guerre commerciale sino-américaine, ou encore à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

HSBC réalise l'immense majorité de ses bénéfices en Asie, la Chine et Hong Kong étant deux de ses principaux marchés de croissance.

En février, avant que le coronavirus ne devienne une pandémie, HSBC avait annoncé la suppression de 35.000 emplois sur trois ans et une sévère réduction de voilure aux Etats-Unis et en Europe, afin de se concentrer davantage sur l'Asie.

En raison du Covid-19, la banque avait toutefois suspendu temporairement ce plan massif.

"Maintenant que la plupart des gouvernements ont pris leurs marques dans la gestion de la pandémie, nous entendons accélérer la mise en oeuvre du plan annoncé en février", a annoncé M. Quinn.

"Incertitudes géopolitiques"

Le dirigeant, confirmé en mars après avoir assuré pendant plusieurs mois l'intérim à la suite du limogeage de John Flint l'an passé, s'est montré très prudent quant à la suite de l'exercice.

"Notre performance au deuxième semestre continuera d'être influencée par la trajectoire et l'impact économique de l'épidémie de Covid-19", a déclaré le Britannique.

"Les incertitudes géopolitiques pourraient peser lourd sur nos clients, en particulier ceux qui sont impactés par les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, et entre le Royaume-Uni et la Chine, et l'avenir des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'Union européenne."

Un an après les manifestations sans précédent à Hong Kong depuis la rétrocession en 1997, la reprise en main musclée de la ville par Pékin, cet été au travers d'une nouvelle loi draconienne sur la sécurité, a contribué à crisper un peu plus les relations entre Pékin d'un côté, et Washington et Londres de l'autre.

"Cependant, le besoin d'une banque capable de jeter un pont entre les économies de l'Est et de l'Ouest est grand, et nous sommes bien positionnés pour remplir ce rôle", a dit M. Quinn.

Au premier semestre, la banque a dégagé un bénéfice avant impôt de 4,3 milliards de dollars, en baisse de 64% par rapport à la même période l'année dernière.

Signe de la prééminence de son activité asiatique, elle a dégagé un bénéfice avant impôts de 7,4 milliards de dollars sur ce continent, mais une perte avant impôts de 3,1 milliards de dollars en Europe.

afp/al