* La banque nationalisée lève E15,5 mds d'argent frais

* L'Etat espagnol détient désormais 68,4% de son capital

* Le plan de restructuration et les conditions de marché restent problématiques

* Les cessions d'actifs et le nettoyage du bilan pourraient aider

MADRID, 28 mai (Reuters) - L'action Bankia a dévissé mardi, après une augmentation de capital massive destinée à lever plusieurs milliards d'euros d'argent frais, sans grand espoir de rebond rapide dans un contexte de marché difficile.

Plus de 11 milliards d'actions ont été émises dans le cadre d'une augmentation de capital de 15,5 milliards d'euros de la banque nationalisée, en quête d'un nouveau départ à la suite d'une aide publique de 24 milliards d'euros qui avait déclenché un plan d'aide européen au secteur bancaire espagnol.

Malgré l'injection massive d'argent frais, les analystes estiment que le titre devrait rester sous pression en raison des nombreuses difficultés auxquelles est confrontée la quatrième banque du pays par la capitalisation boursière.

Vers 14h45 GMT, le titre recule de 6,17% à 0,563 euro après avoir plongé de 20% à l'ouverture.

Les analystes s'attendent à voir le titre se stabiliser entre 0,45 et 0,60 euro, bien en-deça du prix d'émission des actions nouvelles (1,35 euro) et de la valeur comptable (1 euro).

La banque, issue de la fusion en 2010 de sept caisses d'épargne, a perdu 99% de sa valeur depuis son entrée en Bourse en juillet 2011.

Bankia a été la principale bénéficiaire du plan de sauvetage européen de 42 milliards d'euros destinées à des banques espagnoles plombées par l'éclatement d'une bulle immobilière et la récession qui frappe le pays.

Après l' augmentation de capital, l'Etat espagnol détient 68,4% du capital, le solde restant contrôlé par des actionnaires individuels.

Des centaines de milliers de petits épargnants, détenteurs souvent malgré eux d'actions préférentielles et d'obligations convertibles héritées des sept caisses d'épargne fusionnées dans Bankia, n'ont eu d'autre choix que de les convertir jeudi dernier en actions ordinaires, avec une très lourde décote.

La plupart d'entre eux ont vendu leurs actions ce mardi pour tenter de récupérer une partie de leur mise, ce qui accentue la baisse du titre. Il avait déjà plongé de plus de 50% jeudi sur des dégagements d'investisseurs institutionnels, un mouvement qui a déclenché une enquête de l'autorité de surveillance de la Bourse de Madrid.

NOMBREUSES INCERTITUDES

La récession en Espagne, qui devrait durer encore au moins deux trimestres, pourrait continuer à peser sur le titre.

La banque doit également rembourser l'aide de 24 milliards d'euros de l'Etat ainsi que des prêts à bas taux de la Banque centrale européenne accordés l'an dernier et elle risque d'avoir encore à passer des provisions importantes pour couvrir des pertes sur ses portefeuilles de crédit.

Son avenir est aussi obscurci par les incertitudes liées à la stratégie de l'Etat actionnaire et aux risques juridiques associés aux pratiques présumées de vente de produits financiers complexes qui pourraient la contraindre à verser des compensations financières.

Le PDG de Bankia Jose Ignacio Goirigolzarri reste néanmoins optimiste. Il a déclaré la semaine dernière que les actions de la banque devraient se stabiliser dans une fourchette de 0,70 à 0,80 euro, correspondant à la valorisation de celles de ses concurrentes espagnoles qui sont toutes valorisées entre 0,7 et 0,8 fois la valeur comptable.

En outre, Bankia a opéré un sérieux nettoyage de ses créances immobilières et a commencé à céder des actifs.

La banque a ainsi annoncé vendredi la vente de City National Bank of Florida à la banque chilienne BCI pour 883 millions de dollars (682,6 millions d'euros), extériorisant une plus-value de 180 millions d'euros et améliorant de 30 points de base (0,30%) son ratio de fonds propres durs.

Bankia pourrait également lever plusieurs milliards d'euros en cédant ses participations dans International Airlines Group , Iberdrola et dans le premier assureur espagnol, Mapfre.

L'action de la banque pourrait également bénéficier d'un retour au sein de l'Ibex 35, le principal indice de la Bourse de Madrid. (Julien Toyer, Juliette Rouillon, Constance de Cambiaire pour le service français, édité par Marc Joanny)