Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt à 10 ans allemand (Bund) a crevé un nouveau plancher jeudi, dans le sillage de son pendant américain descendu sous les 2% après des statistiques décevantes qui permettent au marché de parier sur une Fed encore plus accommodante.

"Hier soir la Fed n'a pas amorcé une grande phase de baisse de ses taux directeurs", contrairement aux espoirs, a observé auprès de l'AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche de SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

"Dans un premier temps le marché américain, qui n'était pas encore fermé, n'a pas très bien réagi, mais au réveil ce matin, les évolutions ont été assez modérées" des deux côtés de l'Atlantique, a-t-il poursuivi.

"Mais dans l'après-midi, après les chiffres décevants des indices ISM, les obligations du Trésor américain ont commencé par se détendre plus fortement, ravivant des spéculations sur des baisses de taux dans les prochains mois", a-t-il ajouté.

La croissance de l'activité du secteur manufacturier aux Etats-Unis (ISM) a encore ralenti en juillet pour atteindre son plus bas niveau depuis l'été 2016.

"Les membres de la Fed ont raison de penser que l'impact du ralentissement de la croissance économique mondiale pèsera sur l'économie américaine, ce qui peut donner plus d'arguments à la Réserve fédérale américaine pour agir plus rapidement", selon M. Lesné.

La Banque centrale américaine, sous la pression constante de Donald Trump pour stimuler l'économie, a réduit ses taux d'intérêt pour la première fois en 11 ans mercredi mais a eu du mal à justifier ce retour à une politique accommodante alors que l'économie américaine se porte bien.

Son patron, Jerome Powell, a expliqué que la banque prenait une "assurance" sur l'avenir face aux "incertitudes" pesant sur l'économie mondiale mais aussi face à la faiblesse "persistante de l'inflation".

Le Comité monétaire a laissé la porte ouverte à un nouveau geste, mais M. Powell a semé un peu la confusion en affirmant à la fois que la Fed n'abordait pas "un long cycle" de baisses et en soulignant ensuite que d'autres réductions n'étaient pas exclues.

Petite tension italienne

"Il y a également eu des indicateurs d'activité PMI en France notamment qui n'étaient pas très bons, signe d'une inquiétude qui perdure et qui ont offert du même coup un soutien aux actifs obligataires", souligne M. Lesné.

L'activité du secteur manufacturier français s'est en effet contractée en juillet, selon l'indice PMI publié par la société IHS Markit.

"Cette prudence a légèrement pesé sur l'Italie par contre, mais la tension est restée raisonnable", selon l'expert.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt allemand à 10 ans est descendu à un nouveau plus bas à -0,449% contre -0,442% mercredi, à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France est pour sa part resté stable -0,188%, après avoir atteint près de -0,21% en séance.

Celui de l'Espagne a terminé à 0,289% contre 0,277%. La tension a été un peu plus prononcée pour l'Italie à 1,579% contre 1,537%.

Le rendement à 10 ans du Royaume-Uni a fini à 0,592% contre 0,607%.

Aux États-Unis, vers 18H00, le taux à dix ans baissait à 1,9658% contre 2,0148% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,480% contre 2,525%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 1,822% contre 1,872%.

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