(Actualisation : contexte sur la concurrence, les investissements et le free cash flow, commentaire du directeur financier, commentaires d'analystes et cours de Bourse).

Iliad (>> ILIAD) a confirmé lundi ses objectifs financiers pour 2015, après avoir vu ses résultats progresser au premier semestre, mais la concurrence plus vive attendue en fin d'année et les investissement élevés du groupe inquiétaient les investisseurs.

A la Bourse de Paris, le titre de l'opérateur de télécommunications chutait dans l'après-midi de 4,8% à 200,45 euros, accusant la plus forte baisse du SBF 120.

La maison-mère de Free a fait état d'un excédent brut d'exploitation (Ebitda) consolidé de 725 millions d'euros au premier semestre, en hausse de 16,2% et supérieur aux attentes. Cette amélioration de la rentabilité est dûe notamment à un bon niveau de recrutement de nouveaux abonnés dans l'activité mobile, qui a attiré 820.000 clients sur les six premiers mois de l'année.

Fort de cette performance, Iliad a confirmé son objectif d'une croissance de son Ebitda supérieure à 10% cette année.

Le "réveil" du concurrent Numericable-SFR

Toutefois, certains opérateurs de marché s'inquiétaient d'une concurrence de plus en plus accrue. "La performance plus forte qu'attendu de l'Ebitda s'explique par les conditions commerciales favorables au premier semestre, mais cela pourrait changer au second semestre alors que Numericable-SFR devrait remettre l'accent sur l'efficacité commerciale", ont souligné dans une note les analystes de Kepler Cheuvreux.

Numericable-SFR (>> Numericable Group) a perdu de nombreux abonnés au cours du premier semestre alors que le groupe s'attache pour l'heure à réussir son intégration après le rachat de SFR auprès de Vivendi (>> Vivendi) fin 2014.

Au premier semestre, le chiffre d'affaires de la division mobile d'Iliad, lancée il y a trois ans, a progressé de 18,1% à 880,4 millions d'euros. En revanche, les revenus de l'activité fixe n'ont augmenté que de 0,5% à 1,29 milliard d'euros. Face à la concurrence accrue, Iliad a été obligé de lancer de nombreuses offres promotionnelles, ce qui a pesé sur l'ARPU (chiffre d'affaires moyen par abonné). Cet indicateur, suivi de près par le marché, s'est établi à 34,50 euros, contre 35,80 euros au premier semestre 2014.

La baisse de l'ARPU est "un effet mécanique des promotions que l'on a pu faire ces 12 derniers mois mais cela reste une stratégie qui est très pertinente puisque l'on continue à faire croître notre chiffre d'affaire. Ces promotions-là sont rentables dans la durée", a expliqué Thomas Reynaud, le directeur financier d'Iliad à Dow Jones Newswires.

Des investissements plus élevés que prévu

Pour rester compétitif, Iliad a aussi multiplié les investissements dans ses infrastructures fixes et mobile. Au premier semestre, le groupe a ainsi dépensé 613 millions d'euros, contre 402 millions d'euros un an plus tôt. Ce montant est 27% supérieur aux attentes du consensus des analystes, relève Kepler.

En raison de ces investissements massifs, le free cash-flow d'Iliad a été négatif de 67,2 millions d'euros au premier semestre, contre une trésorerie positive de 99,2 millions d'euros un an plus tôt. "La conversion en cash très faible (et en déclin) est un autre un signal d'alarme", prévient Kepler.

Iliad a néanmoins indiqué lundi qu'il comptait maintenir un niveau d'investissement similaire au second semestre, par rapport aux six premiers mois de l'année. Cela porterait ses investissements à plus de 1,2 milliard d'euros en 2015, soit plus que la prévision annuelle de 1 milliard d'euros fournie à l'origine par la direction, ont souligné les analystes d'Exane BNP Paribas.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com (ed/VV/EC)

(Nick Kostov a contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : ILIAD, Numericable Group, Vivendi