Iliad prend l'eau à la Bourse de Paris : le titre dévisse de 17% à 137,5 euros, son plus bas niveau depuis janvier 2013. Les investisseurs jettent l'éponge alors que la maison-mère de Free a encore fait état d'une évolution décevante de son activité au premier trimestre. La publication du quatrième trimestre avait eu valeur d'avertissement puisque la performance du groupe avait déjà désagréablement surpris les opérateurs. De surcroit, les mêmes causes ont visiblement eu les mêmes effets puisqu'Iliad a, comme sur la période précédente, enregistré une contreperformance dans le fixe.

Au total, son chiffre d'affaires a progressé de seulement 0,8% au premier trimestre pour atteindre 1,2 milliard d'euros. Il rate de 2% le consensus. Iliad a clairement été pénalisé par l'évolution de ses revenus dans le fixe, principaux contributeurs à son chiffre d'affaires total, qui ont reculé de 1,6% au premier trimestre.

Circonstance aggravante, ce repli est dû principalement aux départs d'abonnés fixes enregistrés par Iliad au premier trimestre, une première dans l'histoire du groupe, pointe Morgan Stanley. Sur les trois premiers mois de l'année, 19 000 abonnés ont résilié leur forfait Free alors que les analystes tablaient sur le recrutement de 18 000 comptes supplémentaires. Cette évolution est probablement le symptôme de la forte concurrence que se livrent les opérateurs en France. Les prix cassés ne suffisent plus à retenir les abonnés puisque tous les acteurs du marché s'alignent. Cela implique que les opérateurs renforcent la qualité de leurs services et leur couverture du territoire, ce qui nécessite de lourds investissements.

Dans le cas d'Iliad, l'enveloppe allouée aux capex (investissements) en France a d'ores et déjà été augmentée. Annoncée entre 1,4 à 1,5 milliard d'euros, elle atteindra finalement 1,55 milliard cette année. Kepler Cheuvreux s'alarme de cette révision à la hausse qui rend la génération de cash flow d'Iliad particulièrement "challenging". Elle intervient en plus au moment où le groupe s'apprête à lancer son offre en Italie, sachant qu'il devra peut-être patienter avant d'en récolter les premiers résultats.

Politique commerciale, remaniement, investissements : Iliad lance la reconquête

Sans doute moins coûteuse mais tout aussi symbolique de la nécessité de prendre des mesures rapides pour redresser la barre, Iliad a présenté une nouvelle approche commerciale. Le cap en est clair : accélérer dans le Très Haut Débit fixe et mobile. Iliad va lancer de nouvelles offres dans les prochaines semaines et de nouvelles boxes d'ici quatre mois. Le groupe va aussi travailler à une segmentation plus forte de ses canaux de distribution et au déploiement d'une "politique active de fidélisation et de rétention".

Pour mener cette stratégie de reconquête, Iliad a remanié son état-major. Thomas Reynaud, jusque-là directeur financier de la maison-mère de Free, est nommé directeur général. Il remplace Maxime Lombardini qui devient Président du conseil d'administration d'Iliad. De son côté, Cyril Poidatz, qui occupait ce poste, est nommé secrétaire général du groupe. Enfin, Nicolas Jaeger est nommé Directeur financier du groupe Iliad.

Suite à cette publication, Bryan Garnier a, selon une source de marché, retiré Iliad de sa liste de valeurs préférées et mis son objectif de cours sous revue.