à Monaco

Actualisé après la fin de la visite à Monaco

MONACO (awp/afp) - Le président chinois Xi Jinping a honoré dimanche la petite Principauté à Monaco d'une visite d'Etat inédite, avant de poursuivre sa mini-tournée européenne en France, où il doit dîner dimanche avec Emmanuel Macron, pour soutenir son ambitieux programme économique des "Nouvelles routes de la soie".

M. Xi, après une étape à Rome scellant l'entrée de l'Italie dans son grand projet, a quitté Monaco vers 15H45 pour regagner Nice où il avait atterri à midi, accueilli notamment à sa descente d'avion par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

M. Xi, déjà venu deux fois à Nice comme élu local et régional, est logé avec sa suite dans le plus célèbre hôtel de la ville, le Negresco, sur la Promenade des Anglais, totalement interdite aux voitures et même aux vélos pour des raisons de sécurité.

Succès historique pour Monaco

A Monaco, où il a déjeuné et passé deux heures et demi, le dirigeant chinois a eu des entretiens bilatéraux dans le domaine économique. En matière d'environnement et de sport, dont le prince Albert II a fait un axe diplomatique fort, ce dernier a annoncé la création d'une branche de sa fondation à Pékin et sa venue aux JO d'hiver 2022 à Pékin.

Aucun point presse n'était organisé à l'issue de cette rencontre qui constitue un succès diplomatique historique pour le souverain monégasque Albert II: hormis la France, Monaco et ses 38.000 résidents n'avaient jamais accueilli de dirigeant d'une grande puissance, membre du conseil de sécurité de l'ONU.

Outre les intérêts croisés dans le tourisme de luxe et les casinos, Monaco, dont le réseau mobile est opéré par le groupe français Iliad de Xavier Niel, sera en 2019 le premier territoire étranger test pour le déploiement de la 5G par Huawei, le géant chinois des télécoms dont Washington craint qu'il ne puisse servir à Pékin pour espionner les communications de l'Occident.

"C'est évident qu'il y a des intérêts économiques mais Monaco sait aussi très bien jouer la carte du prince et de l'attrait pour un temps révolu qui ne subsiste qu'à quelques endroits dans le monde", estime le sinologue Jean-Paul Desroches qui avait coordonné une exposition croisée consacrée aux dynasties Qing en 2017 à Monaco et Grimaldi en 2018 à Pékin.

Dimanche soir, le couple présidentiel chinois doit retrouver Emmanuel Macron et son épouse pour un dîner privé à huis clos à la villa Kérylos, villa-musée Belle Epoque, aux réminiscences grecques, surplombant la Méditerranée à Beaulieu-sur-Mer, à quelques kilomètres de Nice, dans une zone placée sous très haute sécurité, au lendemain de manifestations de "gilets jaunes" qui ont dégénéré.

Emmanuel Macron, qui tente d'unifier l'approche européenne face à la Chine, à la fois rival et partenaire, a associé l'Allemagne et l'Union européenne à la visite du président Xi en France, dont le volet officiel ne démarre véritablement que lundi à Paris.

En Italie, M. Xi a promis une "nouvelle route de la soie" à double sens, pour tenter de désamorcer les inquiétudes que font naître ses desseins économiques à Bruxelles et à Washington.

Manifestations d'opposants

L'annonce de la participation de l'Italie à ce pharaonique projet d'infrastructures maritimes et terrestres --via un protocole d'accord "non contraignant", a précisé le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte-- a été fraîchement accueillie par certains partenaires européens. Emmanuel Macron a critiqué le cavalier seul italien et des responsables allemands ont abondé, notamment la ministre allemande des Affaires Etrangères Heiko Haas, ou encore le commissaire européen chargé du budget, Günther Oettinger.

La visite du dirigeant chinois en France sera sûrement ponctuée d'annonces de contrats commerciaux, parallèlement à "des échanges de vues approfondis sur les relations sino-françaises, les relations sino-européennes, ainsi que les questions internationales et régionales d'intérêt commun", selon une source officielle chinoise. Elle s'inscrit dans le cadre du 55e anniversaire des relations bilatérales entre les deux pays.

Alors que l'Europe est en plein questionnement sur les ambitions diplomatiques et commerciales de la Chine, M. Xi et Macron seront rejoints mardi à Paris par la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, pour un des moments clés de cette visite.

La suite de la visite de M. Xi sera aussi ponctuée de manifestations d'opposants. Dès dimanche, un millier de manifestants soutenant la cause tibétaine se sont ainsi massés place du Trocadéro aux cris de "Nous voulons la liberté" et "La Chine assassin" et d'autres rassemblements sont annoncés lundi à Paris par des organisations de défense des droits de l'Homme qui doutent que le président Macron ne soulève cette question sensible ou ne réclame la libération de leurs défenseurs chinois.

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