La dynamique de la zone euro est passée de 0,7% au dernier trimestre 2017 à 0,4% au premier trimestre 2018, en ligne avec les projections du consensus, a revélé ce matin Eurostat. Une nette décélération séquentielle qui interpelle même si elle s’explique, aussi, par des facteurs temporaires. La question que tout le monde se pose maintenant est de savoir si la région va rentrer dans le rang ou si elle va connaître une nouvelle accélération. « La plupart des indicateurs disponibles jusqu’ici suggèrent que la situation est temporaire », estime l’économiste Antonio Garcia Pascual. Malheureusement, le faisceau de présomptions n’apporte aucune garantie, poursuit le spécialiste de la banque Barclays, qui s’attend à une croissance de 0,6% au second trimestre. « Les dernières enquêtes ont corrigé depuis les plus hauts mais elles pointent toujours sur une croissance supérieure à la tendance de long terme », tente de rassurer Pascual en évoquant les PMI. A cela s’ajoutent une météorologie plutôt rude, des grèves et même une épidémie de grippe qui ont pesé sur la période. Mais l’économiste estime que les risques pesant sur la croissance se sont accrus, pour paraphraser les banquiers centraux. Le principal facteur d’inquiétude est géopolitique avec la politique commerciale américaine, les négociations sur le Brexit ou l’incertitude sur le futur gouvernement italien.
 

La croissance de la zone euro a marqué le pas au 1er trimestre. Des facteurs exceptionnels expliquent en partie le manque de dynamisme (source : Eurostat)

Vers une croissance de 2% cette année

« Une croissance saine mais en voie de modération s’annonce comme le thème dominant pour la zone euro en 2018 », explique de son côté l’économiste Senior d’ING, Bert Colijin, qui penche vers une bonne dynamique du PIB cette année, sans toutefois atteindre les niveaux de 2017. Il compare la croissance européenne à une saison de House of Cards : « les attentes sont extrêmement élevées, mais plus on progresse plus on est déçu ». Colijin souligne lui aussi que des facteurs temporaires pèsent, ce que Mario Draghi avait déjà rappelé la semaine dernière en marge de la conférence de présentation de la décision de politique monétaire de la BCE. Le banquier central avait d’ailleurs aussi estimé que la politique commerciale américaine agressive risquait surtout de peser sur la confiance. Il apparaît que ce reflux avéré s’est déjà transmis à la croissance.

Le ralentissement constaté au premier trimestre corrobore les prévisions mises à jour par les économistes ces dernières semaines. La zone euro ne pourra pas maintenir le rythme de 2017 (2,5%), mais devrait s’en tirer avec un 2% honorable.