Bruxelles (awp/afp) - L'inflation de la zone euro a fortement ralenti en mars, bien en dessous de l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE), ce qui devrait l'inciter à poursuivre ses mesures stimulant les prix, selon des données publiées vendredi.

Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont crû de 1,5% sur un an en mars, d'après une première estimation de l'Office européen des statistiques.

En février, l'inflation avait pour la première fois depuis janvier 2013 atteint 2,0%, un niveau considéré par la BCE comme un signe de bonne santé de l'économie, car il correspond selon elle à la définition de la stabilité des prix.

"La décélération de l'inflation en mars donne des arguments aux +colombes+ de la BCE", a souligné Bert Colijn, analyste de la banque néerlandaise ING.

Dans le jargon financier, les "colombes" sont partisans de la souplesse monétaire et notamment de taux d'intérêt très bas. Elles s'opposent aux "faucons", qui prônent la rigueur.

Après l'accélération de l'inflation en février, les appels s'étaient en effet multiplié, notamment en Allemagne --où elle avait même atteint 2,2%--, pour mettre un frein aux mesures de la BCE rendant l'argent bon marché.

Pour stimuler la machine économique européenne, l'institut basé à Francfort maintient en effet depuis des mois ses taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas et effectue des rachats massifs d'actifs afin d'injecter de l'argent bon marché dans le système, encourageant ainsi prêts et investissements.

Les chiffres de mars "facilitent la position de la BCE de maintenir sa politique monétaire telle quelle", a également soutenu Howard Archer, économiste chez IHS Markit, qui table sur des taux d'intérêt inchangés toute cette année.

Ce ralentissement en mars était attendu, mais pas avec cette ampleur. Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset tablaient ainsi sur une hausse des prix à la consommation de 1,8%.

- "Effet de Pâques" -

Première cause du ralentissement: la hausse des prix de l'énergie sur un an, qui s'est un peu atténuée. En mars, ces derniers ont augmenté de 7,3%, alors qu'en février ils avaient crû de 9,3%.

Deuxième raison, la baisse en mars des prix des produits alimentaires, qui avaient particulièrement augmenté en février en raison de la rigueur de l'hiver.

Enfin, "les effets saisonniers dus au fait que le week-end de Pâques --qui fait généralement grimper les prix des séjours-- a lieu cette année en avril et non en mars comme l'an passé", a observé M. Colijn.

"Ce qui laisse à penser qu'en avril, l'inflation pourrait légèrement rebondir, justement à cause de l'effet de Pâques qui sera inversé", a prédit M. Archer.

L'inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatiles) a aussi légèrement décéléré en mars à 0,7%, contre 0,9% en février. Les analystes de Factset tablaient sur un chiffre légèrement supérieur: 0,8%.

"Le fort ralentissement de l'inflation en mars laisse à penser que le niveau de 2,0% atteint en février était un pic qui ne sera pas atteint avant un certain temps", a pronostiqué M. Archer.

Selon lui, l'inflation devrait finir l'année 2017 à environ 1,5% et tourner autour de 1,5-1,7% en 2018.

Le 9 mars dernier, la BCE avait nettement relevé sa prévision d'inflation pour 2017, misant sur 1,7%, contre 1,3% il y a trois mois. Pour 2018, elle table sur 1,6%.

afp/al