Paris (awp/afp) - Le groupe français de solutions de paiement Ingenico a revu mardi à la baisse sa prévision de rentabilité pour l'ensemble de l'année 2018, malgré un chiffre d'affaires en nette hausse au troisième trimestre.

De juillet à septembre, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 687 millions d'euros, en hausse de 15% en données publiées et de 8% en données comparables, a-t-il annoncé dans un communiqué.

Malgré cette croissance commerciale, Ingenico prévoit désormais un excédent d'exploitation (Ebitda) de 510 millions d'euros, contre 545 millions d'euros attendus jusqu'alors.

Le groupe, convoité par plusieurs acquéreurs, avait déjà connu un début d'année contrasté sur les marchés à la suite de l'annonce d'un bénéfice net en baisse de 54 millions d'euros sur le premier semestre.

"L'entreprise est maintenant sous pression" estiment les analystes de Bryan Garnier. "Soit Ingenico va trouver une solution qui conviendra à ses actionnaires afin de rester indépendant, soit il sera acquis par un acteur français", ont-ils ajouté.

"La révision de nos objectifs 2018 est exclusivement liée à la performance décevante" de la division de gestion des paiements "banque et acquéreurs", a assuré le PDG Philippe Lazare, cité dans le communiqué.

Le groupe a "lancé un plan d'optimisation de la performance" de cette division, a-t-il ajouté.

Zones géographiques contrastées

Le chiffre d'affaires "banque et acquéreurs" au troisième trimestre est globalement en hausse de 4% en données comparables à 342 millions d'euros (+1% en données publiées).

Mais le contraste est fort entre d'un côté la forte croissance des zones Asie Pacifique (+14% en données comparables) et Amérique Latine (+55%), et de l'autre les zones Europe Afrique Moyen-Orient ou Amérique du Nord qui reculent de respectivement 17% et 6%.

Pour expliquer le recul de la zone Amérique du Nord, le directeur général délégué Nicolas Huss a évoqué mardi un "déplacement des contrats du troisième au quatrième trimestre mais aussi des retards de certification", lors d'une téléconférence avec des analystes financiers.

En Amérique latine, la croissance a été portée principalement par le "fort rétablissement du marché brésilien où nous avons remporté de nombreux contrats ainsi que par le rebond du marché mexicain", a ajouté M. Huss.

Les résultats décevants en Europe, Afrique et Moyen-Orient sont quant à eux liés à "plusieurs situations locales", et notamment à un "fort impact saisonnier dans la région ibérique" alors que la performance en France a été forte, a-t-il détaillé.

La performance au troisième trimestre de la division "retail", qui vend des terminaux et services de paiements aux commerçants, est nettement meilleure: le chiffre d'affaires s'inscrit en hausse de 33% à données publiées et de 12% à données comparables, à 345 millions d'euros.

La croissance est particulièrement forte dans l'activité "petites entreprises" (+20% en données comparables), grâce notamment à l'intégration de la société suédoise Bambora, spécialiste des services de paiement électronique aux PME, acquise l'an dernier.

Les investisseurs ont réagi positivement à cette publication. Peu après 13H00, le titre Ingenico gagnait 0,4% à 65,30 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en repli de 1,06%.

Groupe convoité

Mi-octobre, Natixis avait dévoilé son intérêt pour un "rapprochement industriel de ses activités de paiement" avec Ingenico, ajoutant que des "discussions préliminaires" étaient en cours sur le sujet.

Avec l'essor du paiement sans contact, les bénéfices de l'intégration d'un fabricant de solutions technologiques de paiement apparaissent évidents pour le groupe bancaire, qui cherche également à pérenniser ses revenus dans un contexte de taux bas.

"Parmi les repreneurs actuellement intéressés (par une reprise d'Ingenico NDLR), Natixis Paiements est le nom le plus sérieux" selon les analystes de Bryan Garnier.

Ingenico s'est pour sa part déclaré à l'affût de nouvelles acquisitions pour développer son offre auprès des commerçants et des petites et moyennes entreprises.

Natixis pourrait lui offrir de tels débouchés, sa maison mère BPCE, premier sponsor annoncé des Jeux olympiques de Paris-2024, se positionnant comme deuxième banque de France avec 31 millions de clients.

afp/rp