(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* L'accord commercial partiel n'émeut guère les marchés

* L'affrontement USA-Chine reste en toile de fond

* Pékin gère le ralentissement de son économie

* Les résultats vont continuer d'animer la tendance

* Pas d'annonce fracassante en vue du côté de la BCE

par Patrick Vignal

PARIS, 20 janvier (Reuters) - La signature par les Etats-Unis et la Chine d'un accord commercial partiel a été accueillie sans effusion sur des marchés qui savent pertinemment que l'affrontement pour la suprématie entre les deux premières économies du monde est appelé à durer.

La trêve que viennent de conclure Washington et Pékin, qui laisse beaucoup de questions en suspens, était en outre largement intégrée dans les cours des actifs financiers.

"Nous étions dans une configuration de marché classique", expliquent les analystes de Saxo Banque à propos de la réaction prudente des investisseurs à l'accord signé mercredi à la Maison blanche. "Les opérateurs ont acheté la rumeur et ils ont vendu la nouvelle."

Un certain pessimisme s'affiche par ailleurs concernant la "phase 2" des négociations qui devrait, selon le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, se dérouler en une multitude d'étapes (2A, 2B, 2C...), ajoutent-ils.

L'accord dit de "phase 1", qui prévoit une baisse de certains droits de douane et l'achat par Pékin de 200 milliards de dollars de biens et services américains supplémentaires au cours des deux prochaines années, ne marque donc pas la fin d'un feuilleton qui anime les marchés depuis 18 mois et pèse sur les perspectives de l'économie mondiale.

"L'alternance entre l'espoir d'un accord commercial et la crainte d'une guerre commerciale fait les gros titres depuis des mois", souligne Neil Wilson, analyste de Markets.com.

"La bonne nouvelle, pour ceux qui détestent le changement, est que cela ne va pas s'arrêter (...) Donald Trump va continuer de tenir les marchés en laisse pendant des mois avec ses tweets et ses tirades sur le commerce et la Chine."

ENCORE UN BON CRU POUR LES ACTIONS ?

Les analystes de Saxo Banque sont moins négatifs.

"Cette trêve prolongée devrait toutefois être bénéfique à long terme pour les marchés financiers car elle devrait permettre aux deux protagonistes de se recentrer sur les questions domestiques et de stimuler davantage l'économie américaine", écrivent-ils dans une note.

"Nous restons foncièrement positifs pour l'année boursière qui débute et considérons que les risques sont à la baisse."

Cet optimisme est partagé par Robeco, où l'on fait valoir que les bonnes années boursières ont tendance à se suivre.

"Notre analyse montre qu'une année de performances exceptionnelles (le MSCI World a progressé de 30% en 2019) se répète souvent l'année suivante sous l'effet de plusieurs facteurs favorables", écrit dans une note Peter van der Welle, chargé de la stratégie pour la société de gestion.

"Cela signifie que 2020 pourrait se révéler tout aussi excellente pour les actions, malgré certains obstacles."

La saison des résultats d'entreprises qui vient de débuter incite pourtant à la prudence, notamment du côté des valeurs du S&P-500, dont les bénéfices pourraient avoir reculé de 0,4% en moyenne au quatrième trimestre et connaître ainsi un deuxième trimestre de repli, selon les données I/B/E/S de Refinitiv.

Après les publications des banques américaines qui viennent d'ouvrir le bal et ont été diversement accueillies, les investisseurs réagiront dans les prochains jours aux résultats de plusieurs poids lourds de la cote dont UBS en Europe ou Netflix et Intel aux Etats-Unis.

LA BOE N'EXCLUT PAS DE DEVOIR BAISSER SES TAUX

Nombreux sont les analystes qui pensent que les actions peuvent encore monter, notamment en raison du soutien sans faille qu'assurent les grandes banques centrales.

Si les marchés n'attendent pas grand-chose de la part de la Banque du Japon, mardi, et de la Banque centrale européenne, jeudi, la réunion de la Banque d'Angleterre (BoE) le 30 janvier pourrait être plus intéressante.

Le gouverneur de la BoE, Mark Carney, a laissé entendre que l'institut d'émission pourrait réduire son taux directeur si le ralentissement de l'économie britannique semblait persister, un scénario qu'accréditent plusieurs indicateurs récents, à commencer par la baisse des ventes au détail en décembre.

La Chine, elle aussi, est confrontée au ralentissement de son économie, dont la croissance a touché l'an dernier un creux de près de 30 ans à 6,1%.

Ces chiffres n'ont pas ému les opérateurs de marché, qui font confiance aux autorités de Pékin pour éviter un atterrissage brutal en actionnant au gré des besoins le levier budgétaire et le robinet du crédit, sans envisager pour l'instant de stimulation monétaire massive.

L'économie américaine, elle, fait mieux que résister, une série d'indicateurs rassurants ayant permis jeudi au S&P-500 de franchir 3.300 points pour la première fois.

Les marchés continuent donc de ronronner en ignorant des risques qui, selon Mabrouk Chetouane, directeur de la recherche et de la stratégie chez BFT IM, sont tout aussi présents que l'an dernier, du côté du commerce mais aussi du Brexit, avec un calendrier impossible à tenir pour le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

LE POINT sur les perspectives de marché 2020 des gérants et analystes (édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : Intel Corporation, Netflix