(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Les marchés d'actions relèvent un peu la tête

* Les comptes des entreprises plutôt bien accueillis

* Le ton de la Fed se fait moins accommodant

* La BCE pourrait évoquer ses réinvestissements

* Le ralentissement de la croissance chinoise se confirme

* La note souveraine de l'Italie menacée de dégradation

par Patrick Vignal

PARIS, 22 octobre (Reuters) - La saison des résultats trimestriels qui bat son plein confirme la relative bonne santé des entreprises et apporte un équilibre précaire à des marchés inquiets face à la montée des risques politiques et aux effets sur le crédit du resserrement monétaire des grandes banques centrales.

Des publications jugées satisfaisantes dans l'ensemble, malgré quelques avertissements, ont permis aux Bourses de relever timidement la tête ces derniers jours, en Europe comme aux Etats-Unis, au sortir d'une semaine précédente marquée par un net repli des actifs risqués.

"Les bénéfices des entreprises sont résistants depuis le début de l'année et les prévisions de résultats annuels apparaissent plus solides que les années précédentes", écrit dans une note Emmanuel Cau, analyste actions européennes chez Barclays.

"Cela contraste avec le fait que les actions européennes sont en repli de 8% (depuis le début de l'année), leur plus mauvaise performance depuis 2011, et avec le moral en berne des investisseurs", ajoute-t-il.

Pour les analystes de BNP Paribas, les replis récents des marchés d'actions n'annoncent pas un retournement du marché et la bonne santé de l'économie américaine devrait continuer de soutenir les bénéfices des entreprises, ce qui ferait plus que compenser la hausse du taux des Treasuries à 10 ans, au moins à court terme.

Les indices paraissent leur donner raison puisque le Stoxx 600 européen a fini la semaine sur une progression de 0,64% tandis que le S&P-500 de Wall Street affiche une quasi-stabilité sur les cinq dernières séances. Ces deux indices avaient perdu chacun plus de 4% la semaine précédente, qui avait vu en outre le Nasdaq composite frôler la correction.

Les raisons à l'origine du repli observé lors de la deuxième semaine d'octobre n'ont cependant pas disparu: les tensions commerciales sont toujours là, les négociations sur le Brexit continuent de patiner et l'Italie pourrait voir dans les jours qui viennent sa note souveraine dégradée par deux agences de notation.

Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a défendu jeudi le "beau" budget 2019 préparé par son gouvernement, balayant les critiques de Bruxelles, qui fait monter la pression sur Rome pour obtenir la modification d'un projet qu'elle juge non conforme aux règles européennes.

LA LIQUIDITÉ BAISSE

Autre élément, et non des moindres, pesant sur les marchés, la politique plus restrictive de la Réserve fédérale américaine, dont les effets se font de plus en plus sentir. Les "minutes" de la réunion monétaire de septembre, publiées mercredi, ont montré que les responsables de la banque centrale américaine restaient unis autour de la nécessité de continuer à augmenter le coût du crédit, n'en déplaise à Donald Trump.

Il n'en fallait pas plus au rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans, dont la tendance à accélérer est l'une des plus vives sources d'inquiétudes actuellement sur les marchés, pour repasser 3,2%.

Même si les risques politiques restent bien présents, la baisse de la liquidité résultant du resserrement monétaire est la principale menace pour les marchés dans les prochains mois, estime Christopher Dembik, responsable de l'analyse macroéconomique chez Saxo Banque.

Le reflux de la liquidité, notamment en dollars, est à l'origine de la plupart des crises économiques et cette liquidité chute de manière importante, voire inquiétante, souligne-t-il.

"C'est un signe a minima que le cycle de crédit se renverse, avec des chocs de plus en plus réguliers sur les marchés et une remontée de la volatilité", analyse-t-il.

Dans ce contexte, la réunion monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi, sera très surveillée avec, peut-être, des annonces sur le réinvestissement du produit des emprunts arrivant à échéance, sujet extrêmement sensible pour le marché obligataire au moment où l'institution de Francfort s'apprête à arrêter ses rachats massifs de dette.

Cette journée de jeudi sera par ailleurs l'une des plus chargées de la semaine en matière de résultats avec notamment ceux d'Alphabet, Amazon et Intel, trois fleurons de ces géants de la technologie dont les valorisations stratosphériques ont de quoi faire peur.

LA CHINE PRÊTE À ASSOUPLIR DAVANTAGE

L'agenda des entreprises est lourd en Europe également avec au menu les comptes de grandes banques comme UBS, mardi, puis Deutsche Bank et Barclays, le lendemain.

Du côté de la macroéconomie, les investisseurs suivront, mercredi, les résultats des dernières enquêtes auprès des directeurs d'achat (PMI) sur l'activité du secteur privé dans les économies de la zone euro, excellent baromètre de l'évolution du produit intérieur brut (PIB).

Outre-Atlantique, il faudra attendre vendredi pour prendre connaissance de la première estimation du PIB des Etats-Unis pour le troisième trimestre. Les économistes interrogés par Reuters attendent une croissance de 3,3% en rythme annuel, après +4,2% au deuxième trimestre.

De quoi, peut-être, nourrir la hausse de dollar et accentuer la pression sur les pays émergents et leur devise.

Le rapport sur les politiques de change des partenaires commerciaux des Etats-Unis, publié mercredi dernier par le Trésor américain, s'abstient d'accuser formellement la Chine de manipuler le yuan, une démarche logique pour une administration qui privilégie l'arme des droits de douane pour tenter d'influencer la politique commerciale de Pékin.

Avec le repli de sa devise, les frictions avec Washington, le ralentissement de sa croissance qui se confirme et un lourd endettement qu'elle tente de maîtriser, la Chine a bien des soucis que les autorités parviennent tant bien que mal à atténuer par des mesures de stimulation.

"Une relance chinoise se met en place mais elle n'est toutefois pas suffisante pour effacer les effets de la normalisation monétaire dans les pays développés", juge Christopher Dembik (Saxo Banque).

"Rien n'indique une récession dans les six prochains mois, notamment grâce au relais chinois, mais il faut s'attendre à davantage de volatilité, ce qui nécessite des ajustements de la part des investisseurs et crée des remous sur les marchés", ajoute-t-il.

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ENTRETIEN MARCHÉS-L'Italie ne mérite pas une dette en "junk"-Muzinich

(édité par Blandine Hénault)

Valeurs citées dans l'article : Barclays, Deutsche Bank, UBS Group, Amazon.com, Alphabet, Intel Corporation