L'indice Dow Jones a cédé 138,97 points, soit 0,54%, à 25.828,36 et le S&P-500, plus large, a perdu 8,70 points ou 0,30% à 2.870,72.

Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 32,73 points (0,41%) à 7.910,59.

En séance, les indices ont cédé plus de 1% et le S&P comme le Nasdaq ont momentanément enfoncé leur moyenne mobile à 50 jours, un important seuil technique.

Le président Donald Trump a continué de souffler le chaud et le froid sur les négociations qui devaient reprendre jeudi à Washington en présence du vice-Premier ministre chinois Liu He, déclarant d'abord qu'il ne reculerait pas sur l'imposition de nouveaux tarifs douaniers puis jugeant possible un accord dès cette semaine, au vu d'une "belle lettre" que lui adressée son homologue chinois Xi Jinping.

Une hausse des droits de douane sur les 200 milliards de dollars de produits chinois doit entrer en vigueur vendredi, à laquelle Pékin a menacé de riposter. Trump a en outre annoncé avoir entamé les procédures nécessaires pour taxer à 25% les 325 milliards de dollars d'importations chinoises qui ne le seront pas encore.

"Toute cette incertitude macro alimente l'aversion au risque, surtout dans un environnement qui n'est déjà pas génial", commente Michael Geraghty, stratège chez Cornerstone Capital Group à New York. "On peine à croire qu'après des mois et des mois de négociations, deux jours suffisent pour tout à coup régler ces questions commerciales."

"On risque fort de voir les tarifs prendre effet vendredi, mais une solution finira bien par prévaloir", veut croire John Stoltzfus, stratège chez Oppenheimer Asset Management. "Aucun des deux camps n'a intérêt à une guerre commerciale prolongée."

L'indice de volatilité du CBOE, considéré comme un bon baromètre de la nervosité des investisseurs, a atteint dans la matinée un pic depuis le 4 janvier de 23,38, avant de refluer nettement après les dernières déclarations du président Trump pour finir à 19,1 (-1,55%).

Quelque 7,75 milliards d'actions ont changé de mains, à comparer à une moyenne de 6,83 milliards sur les 20 dernières séances.

VALEURS

Neuf des 11 grandes indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge, la plus forte baisse étant pour les matériaux (-0,80%), sensibles aux tensions commerciales.

Apple (-1,07%) et les semi-conducteurs, qui réalisent une part importante de leur chiffre d'affaires en Chine, ont pesé sur l'indice des technologiques (-0,68%). Intel a chuté de 5,32%, de loin la plus forte baisse du Dow Jones, après avoir fait état la veille de perspectives qui ont déçu les analystes.

L'indice Sox des semi-conducteurs a cédé 1,18% et accuse en quatre séances une baisse à 6%, en route pour sa plus forte perte hebdomadaire depuis décembre.

Aux industrielles, Boeing a lâché 1,00%, 3M 1,85% et Caterpillar 0,75%.

En vedette, le groupe de luxe Tapestry, propriétaire des sacs Coach, a bondi de 8,45% - la meilleure performance du S&P - après de solides résultats accompagnés d'un plan de rachat d'actions.

En tête du Dow Jones, Chevron a pris 3,14% après sa décision de ne pas surenchérir sur Anadarko, laissant le champ libre à d'Occidental Petroleum - lequel a chuté de 6,44% pour accuser la plus forte baisse du S&P.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les enjeux liés au commerce international ont en grande partie occulté les indicateurs économiques du jour aux Etats-Unis. Les chiffres mensuels du commerce extérieur ont pourtant montré une réduction du déficit américain des échanges de biens avec la Chine, au plus bas depuis cinq ans.

Les prix à la production américains sont parallèlement ressortis en légère hausse tandis que les stocks des grossistes ont baissé pour la première fois depuis octobre 2017, deux indicateurs qui ont amené la Fed d'Atlanta à réduire de 0,1 point sa prévision de croissance annualisée pour le deuxième trimestre, à 1,6%.

Du côté du marché du travail, inscriptions au chômage ont diminué de 2.000 à 228.000 la semaine dernière, soit un peu moins qu'attendu.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes avaient auparavant fini dans le rouge, plombées elles aussi par les craintes d'un échec des discussions commerciales susceptible de prolonger l'incertitude sur la croissance et les résultats des sociétés cotées.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un recul de 1,93%, sa plus mauvaise séance depuis le 22 mars, pour clôturer à 5.313,16 points, au plus bas depuis six semaines. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,87% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,69%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,95%, le FTSEurofirst 300 1,76% et le Stoxx 600 1,65% à 375,92 points, sa plus mauvaise clôture depuis le 25 mars. [.EUFR]

TAUX

L'aversion au risque a profité aux obligations d'Etat, provoquant une détente de leurs rendements.

Celui des emprunts de référence à 10 ans a touché un plus bas de cinq semaines de 2,422% avant de remonter à 2,457% en fin de séance, en repli de 2,6 points de base sur la veille. Il est brièvement passé sous le taux des bons à trois mois pour la première fois depuis le mois de mars, quand l'inversion de la courbe avait alimenté les craintes d'une récession aux Etats-Unis.

L'adjudication de 19 milliards de dollars d'emprunts à 30 ans, troisième et dernière étape des opérations de refinancement du Trésor de cette semaine, a suscité une demande médiocre, amenant des traders à spéculer sur une possible défiance délibérée de la Chine qui est le principal détenteur étranger de Treasuries.

CHANGES

Le yen et le franc suisse ont profité de leur statut de valeurs refuges pour atteindre de plus hauts de respectivement trois mois et trois semaines face au dollar, mais en refluant en fin de séance.

Les victimes de ce mouvement de fuite vers la qualité ont été principalement le dollar australien et le yuan chinois offshore mais aussi le dollar, dont l'indice a abandonné autour de 0,2%.

L'euro en a profité pour avancer de 0,2% à un peu plus de 1,12 dollar.

PÉTROLE

A l'image des indices à Wall Street, les cours du pétrole ont réduit leurs pertes en réaction aux déclarations du président Trump jugeant possible un accord USA-Chine cette semaine.

Le contrat juin sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 0,68% à 61,70 dollars le baril mais le Brent de mer du Nord 0,03% à 70,39 dollars, après avoir reculé en séance jusqu'à 69,40.

A SUIVRE VENDREDI :

Les investisseurs à Wall Street resteront suspendus aux nouvelles sur le commerce mais surveilleront aussi les chiffres de l'inflation d'avril et les débuts en Bourse du géant des VTC Uber au prix de 45 dollars par action, vers le bas de sa fourchette cible.

(avec April Joyner à New York et Amy Caren Daniel à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)