Avec la participation de CMA CGM et de MSC, respectivement numéro quatre et numéro deux du transport maritime de conteneurs, près de la moitié de toutes les cargaisons acheminées à travers le monde par la mer, un secteur représentant 90% du commerce mondial de biens, seront suivies via cette plate-forme baptisée TradeLens.

L'implication d'acteurs de premier plan est essentielle au succès de cette initiative censée réduire les coûts du transport de marchandises par la mer, un secteur qui a connu peu d'innovations depuis l'invention des conteneurs dans les années 1950.

Pour Vincent Clerc, vice-président exécutif de Maersk, numéro un mondial du secteur, l'arrivée de ces deux concurrents constitue une étape décisive dans le développement de la plate-forme.

Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, a pour sa part rappelé que le groupe marseillais participait déjà à GSBN, une autre plate-forme de blockchain, une technologie dans laquelle le transporteur "croit fermement".

CRÉER UNE NORME UNIQUE POUR LE SECTEUR

"Notre secteur consomme beaucoup de paperasse et je crois qu'en nous tournant vers la blockchain, cela nous permettra d'être plus efficaces pour offrir un échange d'informations dans un environnement sécurisé et c'est très important dans notre activité de tous les jours", a dit Rodolphe Saadé à Reuters.

"Le fait que nous unissions nos forces et créions une norme pour le secteur est bien plus puissant" que de développer différentes plates-formes chacun de son côté, a-t-il ajouté.

Plus de 100 entreprises, autorités portuaires et organismes publics, comme le géant des produits de grande consommation Procter & Gamble ou les douanes américaines, ont déjà rejoint TradeLens.

Cette plate-forme permet aux transporteurs, aux clients, aux livreurs, aux ports et aux douanes de simplifier la gestion et le suivi des marchandises via la numérisation et la transparence de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, rendues possibles par la blockchain, technologie de partage et d'accès aux données entre réseaux informatiques.

"Beaucoup de procédures dans notre secteur datent encore en réalité d'avant le conteneur", a dit Vincent Clerc, de Maersk, à Reuters.

"Même aujourd'hui, les clients vivent avec les lourdeurs administratives les contraignant à conserver des quantités énormes de papiers sans avoir de visibilité sur ce qu'il advient de leurs marchandises", a-t-il ajouté.

Chaque année, plus de 4.000 milliards de dollars de biens sont transportés par la mer et plus de 80% des produits utilisés chaque jour par les consommateurs à travers le monde dépendent du transport maritime, selon Maersk.

En moyenne, les procédures administratives représentent environ 20% du coût de transport d'un conteneur d'un endroit à un autre. Vincent Clerc prédit qu'une grande partie de cette charge pourra être supprimée lorsque TradeLens fonctionnera à plein régime.

(Avec Stine Jacobsen à Copenhague et Gus Trompiz à Paris; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Jacob Gronholt-Pedersen