Londres (awp/afp) - L'industrie aérienne britannique annonçait lundi des mesures drastiques pour réduire ses coûts et sa capacité de vol face à l'épidémie de coronavirus qui paralyse le transport dans le monde, et appelle à des actions urgentes pour empêcher une hécatombe dans le secteur.

IAG, maison mère de British Airways, a annoncé prévoir une réduction de sa capacité de vols d'"au moins 75%" en avril et mai.

Au premier trimestre, sa capacité est attendue en baisse de 7,5% sur un an, le groupe ayant "suspendu les vols vers la Chine, réduit ses (vols) sur les destinations asiatiques" et beaucoup d'autres pays ayant "interdit ou réduit les vols dans leur direction".

Le groupe prend aussi des mesures pour réduire ses coûts tous azimuts (investissements, embauches,...). Il affirme avoir "de solides liquidités" mais qu'en raison "des incertitudes sur l'impact potentiel et la durée du Covid-19, il n'est pas possible de donner des prévisions de bénéfices pour 2020".

IAG annonce par ailleurs qu'au regard des "circonstances exceptionnelles auxquelles fait face l'industrie aérienne à cause du Covid-19, et considérant la situation particulière en Espagne", son patron Willie Walsh, qui devait être remplacé fin mars par celui de la filiale Iberia Luis Gallego, va rester aux manettes pour quelques mois supplémentaires tandis que M. Gallego va gérer la crise chez Iberia.

"L'industrie craque"

De son côté, la compagnie britannique Easyjet a averti dans un communiqué qu'à "cause des restrictions sans précédent imposées par les gouvernements aux voyages pour réduire la pandémie", elle "a mis en place de nouvelles annulations de vols" qui pourraient se traduire à court terme par "le maintien au sol de la majorité de (sa) flotte".

"Il n'est pas sûr que les compagnies européennes (...) survivront à ce qui pourrait se révéler un gel à long terme des voyages", insiste Easyjet, enjoignant les autorités à des mesures d'urgence pour aider l'industrie.

Signe de la débâcle, IAG plongeait de 21% à la Bourse de Londres, Easyjet de 27% et Ryanair de 21% vers 09H00 GMT.

D'après les quotidiens The Guardian et le Financial Times, le président du conseil d'administration de Virgin Atlantic compte envoyer une lettre au Premier ministre britannique Boris Johnson lundi pour demander un plan de sauvetage de 5 à 7,5 milliards de livres.

L'association sectorielle Airlines UK appelle elle aussi le gouvernement britannique à "cesser de tergiverser" et de "compter ses sous", dans une déclaration à la presse.

"Nous parlons du futur de l'aviation, l'une de nos principales industries, et à moins que le gouvernement ne se reprenne qui sait ce qui en restera lorsque nous sortirons de ce bazar", ajoute-t-elle.

De son côté, Richard Moriarty, le directeur général de l'autorité britannique de l'Aviation (CAA), ajoute que "c'est la période la plus difficile pour l'aviation et les tours opérateurs que nous ayons jamais connue" et "la survie de certaines entreprises est réellement en jeu".

Celles-ci vont devoir prendre des "mesures difficiles pour préserver leurs liquidités", poursuit-il, faisant allusion à de probables suppressions d'emplois par milliers. KLM a déjà annoncé jusqu'à 2.000 emplois éliminés.

Le syndicat Unite dit quant à lui avoir écrit au Premier ministre Boris Johnson pour demander la mise en place "sous 48 heures" d'un groupe de travail sur la crise de l'aviation, et son concurrent Balpa qui représente les pilotes demande au gouvernement d'agir immédiatement pour "soutenir l'industrie aérienne britannique qui craque sous la pression du coronavirus".

M. Moriarty estime toutefois que la demande sous-jacente "est forte" et qu'une "fois que la pandémie sera finie, nous devrions voir un gros rebond de la demande".

afp/al