Londres (awp/afp) - IAG, Ryanair, Easyjet, Virgin... L'industrie aérienne britannique et irlandaise annonçait lundi des mesures drastiques pour réduire ses coûts et devrait clouer au sol une majorité de ses avions à court terme pour tenter de traverser la tempête du coronavirus.

Les compagnies et les organisations sectorielles avertissaient d'une hécatombe à prévoir dans le secteur à l'heure où le trafic mondial est de plus en plus paralysé par l'épidémie de coronavirus et les restrictions de voyage, et appelaient à des mesures d'urgence.

Signe de la débâcle, IAG plongeait de 29% à la Bourse de Londres, Easyjet de 20% et Ryanair de 19% vers 13H00 GMT.

Un porte-parole de Downing Street a assuré, interrogé par des journalistes, que le gouvernement britannique était "prêt à aider toutes les entreprises y compris les compagnies aériennes qui font face à des difficultés financières temporaires à cause du virus", précisant que le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak allait "présider un comité de réponse économique".

Ryanair a averti lundi que les restrictions imposées par un nombre croissant de pays allaient entraîner le maintien au sol de "la majorité de sa flotte pour les 7 à 10 jours prochains" et que dans les pays où les vols ne sont pas totalement interdits, faire voler des avions pourrait devenir "impraticable voire impossible".

En avril et mai, le transporteur irlandais s'attend donc à "une réduction de sa capacité de sièges jusqu'à 80% et une mise à l'arrêt totale de la flotte n'est pas exclue".

Virgin Atlantic, de son côté, va trancher ses programmes de vols de 80% et va "garer environ 75% de sa flotte d'ici au 26 mars, un chiffre qui grimpera à 85% d'ici avril".

Dans un communiqué, la compagnie fondée par Richard Branson ajoute qu'elle a demandé à ses employés de prendre "8 semaines de congés non payés sur les trois prochains mois" pour "réduire les coûts drastiquement sans pertes d'emplois", et lance un plan de départ volontaire, entre autres.

IAG, maison mère de British Airways, prévoit de son côté une réduction de sa capacité de vols d'"au moins 75%" en avril et mai, et prend aussi des mesures pour réduire ses dépenses tous azimuts.

Cesser de tergiverser

Chez Easyjet, de "nouvelles annulations de vols" pourraient se traduire à court terme par "le maintien au sol de la majorité de (sa) flotte".

"Il n'est pas sûr que les compagnies européennes (...) survivent à ce qui pourrait se révéler un gel à long terme des voyages", insiste Easyjet, enjoignant les autorités à des mesures d'urgence.

D'après les quotidiens The Guardian et le Financial Times, le président du conseil d'administration de Virgin Atlantic compte envoyer une lettre au Premier ministre britannique Boris Johnson lundi pour demander un plan de sauvetage de 5 à 7,5 milliards de livres.

L'association sectorielle Airlines UK martèle pour sa part que le gouvernement doit "cesser de tergiverser" et de "compter ses sous", dans une déclaration à la presse.

"Nous parlons du futur de l'aviation, l'une de nos principales industries, et à moins que le gouvernement ne se reprenne, qui sait ce qui en restera lorsque nous sortirons de ce bazar", ajoute-t-elle.

De son côté, Richard Moriarty, le directeur général de l'autorité britannique de l'Aviation (CAA), ajoute qu'il s'agit de "la période la plus difficile pour l'aviation et les tours opérateurs que nous ayons jamais connue".

Celles-ci vont devoir prendre des "mesures difficiles pour préserver leurs liquidités", poursuit-il, faisant allusion à de probables suppressions d'emplois par milliers.

Les syndicats, notamment Balpa, demandent au gouvernement d'agir immédiatement pour "soutenir l'industrie aérienne britannique qui craque".

M. Moriarty estime toutefois que la demande sous-jacente "est forte" et qu'une "fois que la pandémie sera finie, nous devrions voir un gros rebond de la demande".

afp/rp