MILAN (awp/afp) - La production industrielle en Italie a augmenté de 0,1% en octobre sur un mois, une bonne surprise alors que les analystes s'attendaient à un recul et que l'Italie, engagée dans des discussions avec Bruxelles sur son budget, craint une récession.

Cette hausse a été portée par la progression des biens de consommation (+1,3%).

En septembre, la production industrielle avait baissé de 0,1% sur un mois. Sur un an, et corrigée des effets de calendrier, la hausse en octobre atteint 1%, a précisé lundi l'Institut national des statistiques (Istat).

Conséquence: sur les dix premiers mois de l'année, elle s'élève à 1,7%. L'an passé, la production industrielle avait augmenté de 3,6%, après une hausse de 1,9% en 2016.

"Alors que les signaux se sont intensifiés ces dernières semaines sur le fait que l'Italie pourrait avoir une récession au deuxième semestre, les chiffres de la production industrielle en octobre ont offert une surprise positive", a souligné Moritz Degler, économiste à Oxford Economics.

L'institut prévoit néanmoins toujours une petite chute du PIB (Produit intérieur brut) au quatrième trimestre, après la baisse de 0,1% enregistrée au troisième trimestre, ce qui représenterait une "récession technique".

"Une récession technique" se caractérise par deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

Par conséquent, "nous ne nous attendons pas à ce que les données industrielles d'aujourd'hui soient d'une grande aide pour apaiser les tensions politiques à Rome", a ajouté M. Degler.

"Pour le trimestre en cours, un retour à une croissance modeste est possible tant pour la production industrielle que pour le PIB. Néanmoins, les études ne signalent pas une accélération significative pour le futur. Les risques de ralentissement du PIB l'an prochain restent importants", a estimé Paolo Mameli, économiste de la banque Intesa Sanpaolo.

"Ouverture mentale"

La Commission européenne table sur une croissance du PIB italien de 1,1% en 2018 puis de 1,2% en 2019, et le FMI (Fonds monétaire international) de 1,2% puis 1%.

Le gouvernement italien est plus optimiste, en particulier pour 2019: il a ainsi conçu son budget sur une prévision de croissance de 1,5%.

Celui-ci, qui prévoit officiellement un déficit à 2,4% du PIB, a été rejeté le 23 octobre par la Commission européenne, qui le juge hors de clous européennes et de surcroît basé sur des projections trop optimistes.

Après avoir été longtemps inflexible, le gouvernement de Giuseppe Conte, union de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), a montré des signes d'ouverture à la suite d'un dîner le 24 novembre entre M. Conte et le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.

Les deux hommes doivent se retrouver mercredi après-midi pour une nouvelle "réunion de travail", selon l'exécutif européen.

Lundi, M. Conte a mis le ton dans une interview au quotidien La Stampa, en évoquant le mouvement populaire des "gilets jaunes" en France: "Nous ne pouvons pas nous concentrer seulement sur la stabilité financière, nous devons aussi regarder la stabilité sociale".

Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, patron de la Ligue, s'est dit "optimiste".

"J'ai pleine confiance" en M. Conte, a-t-il ajouté, tout en répétant que le contrat de gouvernement conclu avec le M5S devait être respecté, en particulier sur l'avancement de l'âge des retraites et sur la mise en place d'un revenu de citoyenneté.

"Sur l'immigration, si on les avait écoutés, on aurait eu les 100.000 débarquements habituels", a-t-il ajouté, en espérant que Bruxelles "ait plus d'ouverture mentale" sur l'économie.

Les discussions se poursuivent au sein de la coalition sur le chiffre auquel porter le déficit. La Commission, par la voix de son vice-président, a indiqué récemment que baisser le déficit à 2,2% ne serait pas suffisant.

afp/jh