par Anna Koper et Joanna Plucinska

VARSOVIE, 13 juillet (Reuters) - Le président sortant Andrzej Duda est en tête du second tour de l'élection présidentielle de dimanche en Pologne avec une légère avance, montre un sondage de sortie des urnes, une victoire qui pourrait avoir d'importantes répercussions sur les relations entre Varsovie et Bruxelles si elle venait à être confirmée.

Une réélection de Duda, allié du parti nationaliste au pouvoir Droit et Justice (PiS), est cruciale pour permettre au gouvernement en place de boucler l'ensemble de ses réformes conservatrices, dont celle controversée de la justice que l'Union européenne considère comme antidémocratique.

Le rival du président sortant, le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, a promis de réparer les liens entre la Pologne et l'Union et de faire usage du droit de veto présidentiel pour bloquer tout projet de loi qui nuirait à la règle de droit.

D'après un sondage de sortie des urnes réalisé par Ipsos, Duda l'emporterait avec 50,4% des suffrages, contre 49,6% pour Trzaskowski, candidat du principal parti d'opposition, Plateforme Civique. L'institut a précisé qu'il était trop tôt pour prononcer un vainqueur.

Un sondage réalisé en fin de soirée par la chaîne de télévision publique TVP Info, combinant des données recueillies à la sortie des urnes et des résultats officiels partiels, donne le président sortant victorieux avec 50,8% des voix, contre 49,2% pour le maire de Varsovie.

"La nuit va être tendue mais je suis certain que lorsque les bulletins auront été dépouillés, nous aurons gagné", a dit Trzaskowski à des partisans réunis dans un parc situé près du quartier historique de la capitale.

Les enquêtes d'opinion réalisées avant le scrutin donnaient au coude à coude les deux rivaux, tous deux âgés de 48 ans, Duda voyant son avance sur Trzaskowski se réduire alors qu'il était initialement considéré comme grand favori à sa propre succession.

"DANGER MORTEL"

Soutenu par le gouvernement, Duda a mené une campagne emprunte d'animosité, ponctuée par des propos homophobes et des attaques contre les médias indépendants. Il a accusé son rival de vouloir servir les intérêts de puissances étrangères plutôt que ceux de la Pologne.

Le président sortant s'est présenté comme le défenseur des valeurs catholiques du pays et des généraux programmes sociaux qui ont changé la vie de nombreux habitants, particulièrement dans les zones rurales.

Dimanche soir, il a adopté un ton conciliant. "Si quiconque a été offensé par quelque chose que j'ai fait ou dit au cours des cinq dernières années, pas seulement pendant la campagne, veuillez accepter mes excuses", a déclaré Duda devant des partisans à Pultusk, petite ville située au nord de Varsovie.

Le dépouillement des bulletins devait se poursuivre tout au long de la nuit. La commission électorale a fait savoir qu'elle ne communiquerait pas de résultats partiels mais simplement les résultats définitifs, peut-être lundi.

Aux yeux de nombreux conservateurs polonais, Trzaskowski symbolise les menaces qui pèsent sur les valeurs traditionnelles du pays, pour avoir par exemple promis d'inclure dans les programmes des écoles de Varsovie des cours sur les droits de la communauté LGBT.

L'archevêque de Cracovie a déclaré samedi à des fidèles que la Pologne faisait face à un "danger mortel" du fait des idéologies cherchant à nuire à la structure familiale traditionnelle et à corrompre les enfants.

Trzaskowski dit vouloir une Pologne plus ouverte et plus tolérante, et a critiqué la rhétorique employée par le PiS à l'égard des minorités. Il a aussi annoncé qu'il comptait supprimer TVO Info, dont les détracteurs considèrent qu'elle a ouvertement favorisé Duda dans sa programmation éditoriale.

"En politique, on devrait avoir des opposants, pas des ennemis", a dit Trzaskowski dimanche. (avec Alan Charlish, Marcin Goclowski et Alicja Ptak; version française Jean Terzian)