(Edité avec décompte des voix, commentaires, réaction de Temer)

par Anthony Boadle

BRASILIA, 3 août (Reuters) - La Chambre des députés brésilienne a voté mercredi contre une mise en accusation du président Michel Temer pour corruption, lui permettant d'échapper à un renvoi devant la Cour suprême.

Un tel procès aurait pu coûter son mandat à l'impopulaire chef de l'Etat, qui est soupçonné d'avoir accepté des pots-de-vin pour l'équivalent d'une dizaine de millions d'euros.

L'opposition n'a pas réuni les deux tiers des voix requis mais le soutien n'est pas aussi large que Temer pouvait espérer, ce qui met en doute l'avenir de son programme de réformes économiques et conduit à s'interroger sur l'attitude du Congrès lorsque de nouvelles charges à son encontre seront présentées, comme le promet la justice.

Le décompte des voix montre que 263 députés ont voté en faveur de Michel Temer, alors que 227 autres se sont prononcés pour son renvoi devant la Cour suprême.

Beto Mansur, l'un des responsables du groupe de la majorité présidentielle à la Chambre, avait pourtant prédit avant le vote que 300 députés appuieraient le chef de l'Etat.

Les investisseurs attendent avec impatience la réforme des retraites promise par le président brésilien afin de réduire le déficit budgétaire mais celle-ci pourrait être reportée à la prochaine élection présidentielle, en octobre 2018, comme le suggèrent déjà certains députés.

A l'issue du vote, Michel Temer a cependant assuré qu'il ferait adopter toutes les réformes dont le pays a besoin.

"Il est temps désormais d'investir dans notre pays. Le Brésil est prêt à renouer avec la croissance", a-t-il dit.

TRACTATIONS

Michel Temer a multiplié les tractations ces derniers jours pour éviter une destitution, mois d'un an après celle de sa prédécesseure Dilma Rousseff, pour manipulation des comptes publics.

Il devrait cependant faire face à de nouvelles accusations dans les prochaines semaines et certains députés confient que plus l'échéance de la présidentielle de 2018 approche, plus il leur sera difficile de soutenir à nouveau le chef de l'Etat.

Le vote a mis fin à une journée tumultueuse à la Chambre des députés, où les élus de l'opposition sont arrivés munis de mallettes remplis de faux billets, en scandant: "Temer, dehors!"

Le principal parti de la coalition présidentielle, le Parti de la social-démocratie brésilienne (centre), était divisé.

Son chef de file, Ricardo Tripoli, a réclamé la poursuite de la procédure judiciaire à l'encontre du président, "non pas parce que nous voulons chasser le président, mais parce que les Brésiliens sont fatigués de toute cette suspicion qui entoure leurs responsables politiques".

"Est-ce le bon moment pour limoger le président?" a répondu un élu du PSDB, Paulo Abi-Ackel, en mettant au crédit de Michel Temer une amélioration de la situation économique.

Le procureur général du Brésil, Rodrigo Janot, a accusé à la fin juin le chef de l'Etat d'avoir illégalement perçu jusqu'à 38 millions de reais (10,3 millions d'euros) de la part du groupe d'agro-alimentaire JBS.

Rodrigo Janot, dont le mandat expire à la mi-septembre, devrait maintenant présenter au moins deux autres charges visant le président pour entrave à la justice et racket, dit-on de source judiciaire.

Michel Temer et ses avocats démentent toute malversation et les soutiens du chef de l'Etat estiment que Rodrigo Janot n'a fourni aucune preuve pour étayer ses accusations. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)