Paris (awp/afp) - Le géant français de l'affichage publicitaire JCDecaux a été porté par ses activités dans les supports numérique au premier semestre, mais a prévenu jeudi que son chiffre d'affaires allait stagner au troisième trimestre, invoquant une situation commerciale tendue en Chine et à Hong Kong.

A la Bourse de Paris, l'action reculait de 5,59% à 24,68 euros vers 13H10, dans un marché en hausse de 0,21%.

Au premier semestre, le groupe a enregistré un bénéfice net en hausse de 86,8% à 96 millions d'euros, incluant pour 24 millions l'impact positif d'un changement comptable.

Le chiffre d'affaires ajusté, indicateur de référence pour JCDecaux, a progressé de 12% à 1,8 milliard d'euros grâce notamment à l'acquisition récente de l'entreprise australienne APN Outdoor. Hors effets de change et de périmètre, la croissance est seulement de 5,2%.

Le groupe a surtout inquiété en annonçant s'attendre à "un chiffre d'affaires organique ajusté stable" au troisième trimestre, en raison d'une baisse de revenus en Chine et à Hong Kong.

"La guerre commerciale au niveau macroéconomique affecte le sentiment et la confiance des acteurs économiques sur la situation chinoise", a expliqué le co-directeur général Jean-Charles Decaux lors d'une conférence.

Encore anecdotique il y a 20 ans pour JCDecaux, la Chine est devenue le moteur de croissance du groupe, fruit d'une stratégie particulière reposant sur la publicité dans les transports et la multiplication d'alliances.

"Les aéroports restent très dynamiques et l'été va y être bon. (...) La décroissance aujourd'hui en Chine continentale est focalisée dans les métros et dans une moindre mesure dans les bus. C'est un élément qui se confirme et qui s'accentue", a ajouté le dirigeant.

Situation "socialement délicate" à Hong Kong

Le groupe pointe également la situation "socialement délicate depuis quelques semaines" à Hong Kong, vitrine du groupe en Asie, et où des manifestations contre le pouvoir pro-Pékin sont violemment réprimées.

"L'impact aujourd'hui sur +le retail+ (le commerce de détail), qui a plongé de plus de 10% au moins de juin, est très fort. Des centres commerciaux ne sont pas ouverts toute la journée. (...) Il est clair que la publicité et la communication des marques s'en ressent", a poursuivi Jean-Charles Decaux.

Malgré "un formidable premier semestre" et l'activité préservée de l'aéroport international, la contribution du territoire indépendant aux résultats de JCDecaux "est rentrée en territoire négatif pour le troisième trimestre".

Les performances en Asie-Pacifique sont d'autant plus surveillées que la région pèse désormais pour 29%, à 539 millions d'euros, dans le chiffre d'affaires global. Au premier semestre, sa croissance s'est établie à 34,6% (9,5% en organique).

Le besoin d'infrastructures y est également plus élevé qu'ailleurs.

Toutes régions confondues, la croissance au premier semestre a été portée par les activités sur les supports numériques (mobilier urbain, publicité dans les aéroports, gares, métros, affichage dans les rues), en hausse de 44,2% et qui représentent désormais 23,9% des revenus.

"Fort potentiel de croissance" dans le numérique

L'activité du deuxième trimestre, en progression de 5,1% en organique, soit mieux qu'attendu, a notamment bénéficié des activités liées au mobilier urbain (+9,6%) dont la composante numérique (écrans publics en extérieur) a un "très fort potentiel de croissance", selon le groupe.

Aujourd'hui, le chiffre d'affaires des activités numériques est généré à 71% par seulement 5 pays et "très peu de villes sont équipées en mobilier urbain" numérique, a précisé le président du directoire Jean-François Decaux.

Le groupe est notamment en train de développer au Royaume-Uni une plateforme de vente d'espaces publicitaires baptisée Viooh, qui permet de faire enchérir les annonceurs en leur fournissant des données comme l'audience ou la localisation des écrans.

Pour JCDecaux, les marges "relativement bonnes" dans le numérique permettent de compenser le recul de l'activité d'affichage traditionnel au Royaume-Uni.

Le chiffre d'affaires semestriel y accuse un recul de 1,5% en organique.

JCDecaux a entrepris il y a plusieurs années de démonter ses panneaux traditionnels dans ce pays - il lui en reste aujourd'hui 2.000 sur 10.000. Le groupe invoque aussi l'impact de l'interdiction en début d'année par le maire de Londres Sadiq Khan de la publicité pour la malbouffe dans les transports.

afp/rp