La première compagnie aérienne privée du pays a mis un terme mercredi soir à toutes ses opérations de vols pour une période indéfinie après le refus des banques conduites par State Bank of India (SBI) de débloquer des fonds supplémentaires pour permettre la poursuite de ses activités.

L'action a clôturé en baisse de 31,08% à 165,75 roupies vers 9h10 GMT à la Bourse de New Delhi, donnant une capitalisation boursière de quelque 260 millions de dollars (231 millions de dollars), contre 1,6 milliard de dollars, au temps de sa splendeur, en 2005.

Le transporteur, dont la dette s'élève à quelque 1,2 milliard de dollars, n'est pas parvenu à obtenir un prêt de 217 millions de dollars dans le cadre d'un accord de sauvetage conclu fin mars avec les banques.

Les banques sont "raisonnablement optimistes" sur le succès d'un processus d'appel d'offres pour une participation de 75% dans la compagnie aérienne, mais les investisseurs, estime Shukor Yusof, patron du cabinet de consultants spécialisé Endau Analytics, sont plus sceptiques.

La valeur de Jet "fond chaque jour qui passe", a-t-il déclaré.

Les difficultés de Jet, qui a longtemps été la compagnie la plus importante de Bombay, pourraient profiter à d'autres transporteurs.

"Les compagnies concurrentes se ruent sur les créneaux (de décollage et d'atterrisage) libérés en raison de l'arrêt de Jet", relève Vijayant Gupta, analyste chez Edelweiss Securities.

Les créneaux de Jet seront alloués à d'autres compagnies aériennes en fonction de critères tels que l'importance de flotte et les effectifs, a déclaré une source du ministère de l'Aviation civile.

Une compagnie aérienne peut conserver ses créneaux pour une saison de vol ou six mois et Jet peut récupérer les créneaux si elle est de nouveau active d'ici la fin de la saison de vol, a-t-elle indiqué.

DÉFICIT DE CAPACITÉS

La saison de vol en cours s'achève le 26 octobre, selon le site internet de l'organisme de réglementation de l'aviation indienne.

"Nous aidons les compagnies aériennes et les aéroports à augmenter leur capacité rapidement afin de garantir la stabilité et la compétitivité des prix", a déclaré mercredi le ministère indien de l'aviation dans un tweet.

Une réunion est prévue jeudi entre le gouvernement, les compagnies aériennes et les aéroports.

L'agence de notation ICRA estime que le déficit de capacité en Inde a entraîné une hausse des prix de 30 à 40% depuis septembre.

La plus grande compagnie aérienne indienne, IndiGo, a rapidement intégré de nouveaux A320neo d'Airbus à sa flotte ces des derniers mois.

Le transporteur à bas coûts SpiceJet s'est engagé à ajouter 27 avions au cours des deux prochaines semaines et a déclaré qu'il lancerait 24 nouveaux vols au départ de Bombay et de Delhi sur cette période.

A son apogée, Jet exploitait plus de 120 avions et plus de 600 vols quotidiens. La compagnie aérienne, qui compte environ 16.000 employés, a été obligée ces dernières semaines d'annuler des centaines de vols et d'arrêter tous les vols au départ de l'Inde, alors que ses finances fondaient.

"La façon la plus sûre de survivre pour Jet Airways est d'obtenir des offres fermes des investisseurs potentiels qui ont manifesté leur intérêt dans des documents d'appel d'offres le 16 avril", ont déclaré les banques de Jet.

CNBC-TV18 a rapporté mardi qu'elles étaient sur le point de lancer un appel d'offres contraignantes auprès de quatre fournisseurs présélectionnés, à savoir les sociétés de capital-investissement TPG Capital et Indigo Partners, le fonds national indien de fonds indiens (NIIF) et Etihad Airways, qui détient participation minoritaire dans Jet.

La compagnie des Emirats Arabes Unis n'a pas répondu à une demande de commentaire.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)

par Tanvi Mehta et Krishna V Kurup