par Jamie McGeever

LONDRES, 17 octobre (Reuters) - Les cinq grandes banques d'investissement américaines ont publié leurs résultats du troisième trimestre et ont toutes annoncé une baisse à deux chiffres de leur activité de trading obligataire sans qu'un regain de la volatilité qui leur permettrait de sortir du marasme se profile à l'horizon.

JP Morgan, la banque la plus active au monde en matière de trading, a fait état de la plus forte chute du produit net bancaire de ses opérations de marché sur les taux, le change et les matières premières (FICC pour fixed income, currency et commodity) qui a plongé de 27% par rapport à la période correspondante de 2016, à 3,2 milliards de dollars.

Godman Sachs n'est pas en reste avec une chute de 26% à 1,45 milliard de dollars tandis que Citi affiche la moins mauvaise performance avec une baisse de 16%.

La très faible volatilité qui affecte toutes les grandes classes d'actifs depuis le début de cette année fait que les grandes banques se trouvent dans la même situation que les fonds spéculatifs, peinant à rentabiliser leurs activités FICC.

La faible volatilité pour ne pas dire l'absence de volatilité est allée de pair avec une compression des taux d'intérêt rendant presque impossible l'exploitation des écarts de rendements, une source traditionnelle de profits pour les intervenants de marché. Cette situation a aussi rendu très difficile la mise en place d'arbitrages durables sur les changes, généralement aussi très rémunérateurs.

Bien que la Réserve fédérale américaine relève ses taux et se prépare à réduire la taille de son bilan, ces infléchissements de politique monétaire ont été annoncés bien à l'avance, supprimant tout effet de surprise qui aurait pu réveiller des marchés atones.

La volatilité sur le marché des Treasuries est tombée à un plus bas de quatre ans à 52% au troisième trimestre contre des niveaux autour de 80% en début d'année.

La volatilité sur le marché des changes s'est un peu réveillée sur la période juin-septembre, atteignant un haut de cinq mois en fin de période, mais elle reste sur une tendance baissière depuis le début de l'année et a même touché un plus bas de près de trois ans en mai. Elle a rechuté à un plus bas de trois mois cette semaine.

A de rares occasions, la volatilité a semblé devoir enfin repartir, au moins sur les marchés actions. Si elle n'affecte pas directement les activités FICC, une hausse durable de la volatilité sur les actions peut se transmettre aux marchés obligataires et des changes.

En août, les tensions entre la Maison Blanche et la Corée du Nord ont provoqué une brusque envolée de l'indice Vix de la volatilité implicite du S&P 500. A 17%, le Vix était loin de ses pics historiques mais il était au plus haut depuis novembre 2016.

Le mouvement n'a pas duré et le Vix est rapidement retombé. D'après Charlie Bilello de Pension Partners, le Vix est en moyenne inférieur à 10% depuis le début du mois d'octobre qui semble bien parti pour être le mois le moins volatil de toute l'histoire du S&P 500.

Les trois autres mois les moins volatils ont été ceux de juin, juillet et septembre de cette année, avec une moyenne mensuelle pour le Vix inférieure à 11%.

Les marchés obligataires ont aussi connu leur heure de turbulences en juin lorsque le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a évoqué pour la première fois une réduction des mesures exceptionnelles de soutien monétaire à l'activité. Elle est restée sans lendemain, les responsables monétaires européens montant rapidement au créneau pour tenter d'enrayer la soudaine tension sur les rendements et la hausse de l'euro. La volatilité n'a finalement qu'à peine bougé.

L'annonce très préparée de la réduction de ses achats d'actifs par la BCE d'ici la fin du mois d'octobre ne devrait pas avoir beaucoup plus d'effet. Pas plus que la hausse du taux directeur de la Banque d'Angleterre, elle aussi annoncée, et qui pourrait bien s'avérer sans lendemain. Guère de raisons d'anticiper une soudaine reprise des activités FICC.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : Goldman Sachs Group, JP Morgan Chase & Company