New York (awp/afp) - Les banques américaines JPMorgan Chase et Citigroup ont annoncé jeudi de gros bénéfices trimestriels, alimentés par une hausse des crédits accordés aux ménages et aux entreprises leur ayant permis de limiter le déclin continu des activités spéculatives.

La première a dégagé un profit de 6,73 milliards de dollars lors du troisième trimestre achevé en septembre, en progression de 7%, tandis que le résultat de la seconde s'est élevé à 4,13 milliards, en hausse de 7,6%.

Les deux firmes, qui ont lancé la saison des résultats des grandes banques américaines, ont dépeint un tableau identique.

La banque de détail, et en l'occurrence les activités traditionnelles de prêts, se porte bien, principalement grâce à une remontée des taux d'intérêt de la banque centrale (Fed) compris désormais entre 1 et 1,25% après avoir été quasi-nuls pendant une décennie.

La marge bénéficiaire de JPMorgan s'est élevée à 2,19% au troisième trimestre, contre 2,11% à la même période un an plus tôt, signe que la banque a bien répercuté les hausses de taux sur les ménages et les entreprises.

Les volumes de prêts ont augmenté de 2% chez Citigroup, dont 12% dans la banque de détail où la demande pour ses cartes de crédit bancaires a fortement augmenté, aidée par un partenariat exclusif avec le géant de la distribution Costco.

Les incertitudes entourant les promesses de réformes faites par le président Donald Trump, notamment celles portant sur les impôts, n'ont semble-t-il, pas incité les consommateurs à freiner leurs dépenses et à épargner.

"Nous avons observé une croissance des prêts octroyés aussi bien aux consommateurs qu'aux entreprises", a souligné Michael Corbat, le PDG de Citigroup.

"L'économie mondiale continue à bien se porter et les ménages américains restent en forme", a renchéri son homologue Jamie Dimon, chez JPMorgan.

L'activité de crédit reste "exceptionnelle", a conclu Chris Kotowski, analyste chez Oppenheimer.

A Wall Street, le titre JPMorgan Chase perdait 0,36% à 96,49 dollars dans les premiers échanges et Citigroup 0,28% à 74,75 dollars.

EN ATTENDANT LES OURAGANS

Le courtage, traditionnellement source de gros revenus, demeure un point faible pour les deux banques comme pour l'ensemble du secteur bancaire.

Les revenus générés par la spéculation des bons du Trésor et autres obligations, matières premières, devises (FICC) ont plongé de 27% chez JPMorgan et de 16% chez Citigroup.

Les choses ne devraient pas s'arranger au quatrième trimestre, a prévenu Marianne Lake, la directrice financière de JPMorgan lors d'une conférence téléphonique avec les analystes financiers.

"Il n'y a pas d'élément catalyseur à l'horizon" pour inverser la dynamique négative, a-t-elle prévenu.

Les raisons du déclin sont essentiellement liées à la faible volatilité observée actuellement sur les marchés financiers où les investisseurs sont prudents en attendant la réforme fiscale en cours d'élaboration à Washington.

La faible volatilité est défavorable aux traders parce qu'elle signifie que les volumes d'activités sont bas, ce qui se traduit par une baisse des commissions et des bonus.

L'indice VIX de volatilité dit "indice de la peur", évoluait jeudi à 10,13, un très bas niveau. Il est descendu le 26 juillet jusqu'à 8,84, son plus bas depuis 1993, quand il a été introduit sur les marchés.

Outre la spéculation, les ouragans Harvey, Irma et Maria qui ont affecté le Texas, la Floride, Porto-Rico et les Caraïbes devraient également rogner les résultats dans les prochains mois.

Citigroup a mis de côté 100 millions de dollars pour couvrir les pertes liées à ces catastrophes naturelles mais aussi au tremblement de terre meurtrier ayant frappé le Mexique en septembre.

"Il est difficile pour le moment d'estimer les pertes", a dit de son côté Marianne Lake, indiquant toutefois que JPMorgan avait mis 55 millions de dollars en réserve.

Une autre interrogation demeure également: les impayés liés aux crédits auto vont-ils repartir à la hausse alors que le marché automobile américain est en pleine saturation ? Les défauts de paiements ont coûté 116 millions de dollars au troisième trimestre à JPMorgan Chase.

afp/buc