Zurich (awp) - Julius Bär a souffert en 2018, dans un contexte difficile sur les marchés financiers. La banque privée zurichoise a annoncé lundi des résultats annuels inférieurs aux attentes et un programme d'économies entraînant la suppression d'ici la fin de l'année de 130 à 140 emplois.

Le groupe a enregistré un bénéfice net (IFRS) en hausse de 4% à 735 millions de francs suisses et un afflux net d'argent de 17 milliards, des chiffres en deçà des prévisions. Les avoirs sous gestion (AuM) ont reculé de 2%, pour s'établir 382 milliards, conséquence de l'évolution morose des marchés sur la deuxième partie de l'année.

La banque se voit contrainte de lancer un "programme structurel de réductions des coûts". Il doit déployer ses pleins effets - 100 millions de francs suisses d'économies - sur les comptes 2020.

Julius Bär employait 6693 personnes équivalents plein temps (EPT) à fin 2018. Les mesures annoncées signifient donc une réduction d'effectifs de 130 à 140 personnes. Le groupe avait cependant engagé 400 collaborateurs entre fin 2017 et fin 2018.

Il s'agira de se concentrer sur certains marchés et d'allouer les ressources en fonction des priorités. La banque est présente sur une cinquantaine de sites - dont Genève - de plus de 25 pays. "Toutes les divisions, tous les secteurs et toutes les régions sont concernés" (par les suppressions), a précisé le directeur général (CEO) Bernhard Hodler à AWP. La Suisse, qui emploie 54% des effectifs, sera touchée "dans la même proportion" que le personnel à l'étranger.

La cure d'amaigrissement, outre une allocation plus ciblée des moyens, sera rendue possible par des progrès dans la numérisation et l'automatisation et un management plus strict.

Ces efforts doivent permettre d'atteindre en 2020 un ratio coûts/revenus en dessous de 68%, le nouvel objectif à moyen terme défini, alors que le précédent faisait état d'une fourchette "entre 64 et 68%". Le nouvel objectif vaudra, précise l'établissement, "pour autant que les conditions de marché ne connaissent pas de dégradations supplémentaires importantes".

En outre, le but à moyen terme en matière de marge bénéficiaire brute ajustée avant impôts est réduit pour s'établir désormais entre 0,25 et 0,28%, contre plus de 0,30% jusqu'à présent.

"Année riche en défis"

"Julius Bär a bouclé l'année sur un bénéfice solide et un afflux robuste d'argent frais, dans un environnement riche en défis pour l'ensemble de la branche", a estimé Bernhard Hodler. Il a cependant précisé que les activités de la clientèle avaient repris en janvier, sans atteindre cependant les niveaux du premier semestre 2018.

Chiffre clé, les 17 milliards de francs suisses d'afflux net d'argent de 2018 (+4,5%) sont inférieurs aux prévisions mais restent dans la fourchette de hausse moyenne fixée entre 4 et 6%.

Le produit brut d'exploitation a crû de 4% à 3,37 milliards de francs suisses, moins que la hausse mensuelle moyenne des avoirs sous gestion. Cela entraîne un recul de la marge brute de 4 points de base à 0,86%. Cette baisse est due à la moindre contribution issue des activités clientèle du gestionnaire de fortune italien Kairos, dont Julius Bär détient 100% depuis 2018. Sur l'ensemble du groupe, le produit des opérations de commissions et de services s'est contracté de 1% à 1,9 milliard.

Julius Bär garde de l'appétit et prévoit d'effectuer "une petite ou moyenne acquisition" dans un horizon de 12 à 14 mois. La gestion de fortune en particulier est un marché en croissance, a précisé le CEO. Des partenariats sur des marchés ciblés sont aussi envisagés. Par ailleurs, l'examen approfondi des dossiers de clientèle mené à l'échelle mondiale, qui a déjà débouché sur la séparation d'avec quelques clients, doit être bouclé d'ici la fin de l'année.

L'Association suisse des employés de banque demande que les efforts ne soient pas supportés que par le personnel mais se fassent à tous les niveaux. Elle se dit étonnée, dans ce contexte d'économies, par la hausse du dividende. Celui-ci augmente de 7%, à 1,50 franc.

Les analystes se sont montrés déçus. "Les résultats sont décevants sur toute la ligne", a réagi la Banque cantonale de Zurich (BCZ). Certes, l'évolution négative pouvait être prévue. "Mais l'ampleur de l'impact est surprenante." Baader Helvea qualifie la performance annuelle de faible.

A la Bourse suisse, la nominative Julius Bär a terminé lanterne rouge, se repliant de -4,42% à 37,80 francs suisses. Le SMI a fini de son côté en hausse de 0,17%.

op/fr