Zurich (awp) - Entre juillet et octobre, Julius Bär a continué à subir la contreperformance de sa filiale italienne à problèmes Kairos, sujette à une hémorragie de fonds. Le gestionnaire de fortune a néanmoins plus que compensé les sorties d'argent à l'échelle du groupe et annonce un programme de rachat d'actions jusqu'à 400 millions de francs suisses.

A fin octobre, la masse sous gestion s'élevait à 422 milliards de francs suisses, un montant plus ou moins conforme aux attentes du consensus AWP. La progression des volumes sur les dix premiers mois de l'année s'est élevée à 10%, indique mardi Julius Bär. L'appréciation du franc face à l'euro a clairement soutenu cette tendance.

Les entrées nettes d'argent affichaient une progression annualisée inférieure de 3%, très clairement en dessous des attentes des analystes. Le groupe zurichois estime qu'il sera dans l'incapacité d'atteindre son objectif à moyen-terme cette année.

Il pointe du doigt les reflux "continus" des fonds Kairos. Cité dans le communiqué, le nouveau directeur général Philipp Rickenbacher - en poste depuis le 1er septembre - évoque des "vents contraires" de nature "temporaire". A fin octobre, la filiale italienne présentait une masse sous gestion de 8,4 milliards, rabotée de 29% par rapport aux 11,8 milliards du début d'année.

Malgré cela, le gestionnaire de fortune a exclu toute cession de Kairos, optant pour un alignement plus complet et une collaboration plus étroite avec la filiale. Un programme de mesures destinées à dégager des synergies est en cours d'élaboration et doit être présenté ultérieurement.

Charge de 100 millions

Julius Bär poursuit par ailleurs le toilettage de son portefeuille clients, ce qui a conduit à certains départs. Cet examen approfondi devrait arriver à son terme à la fin de l'année. La faiblesse des taux d'intérêts a également causé quelques "modestes reflux". Les entrées de clients domiciliés en Asie, en Europe et au Moyen-Orient ont permis de contrebalancer tous ces effets négatifs.

L'impact défavorable de Kairos ne se mesure pas qu'en termes de volumes, mais également de rentabilité. Après 10 mois, la marge brute du groupe zurichois était légèrement supérieure à 82 points de base (pb), alors que le consensus s'attendait à 82 pb. Elle s'est cependant inscrite à la baisse, en raison d'un repli des commissions chez Kairos et d'une perte dans les opérations d'intérêts.

Par ailleurs, Julius Bär table sur une dépréciation sur l'écart d'acquisition (goodwill) de Kairos, qui aura un impact sur les résultats 2019. La charge, non déductible des impôts, est estimée à 90 millions d'euros, soit près de 100 millions de francs suisses.

Le ratio coûts/revenus a été bien amélioré puisqu'il s'est révélé supérieur à 70,0%, à comparer aux 71,0% à fin juin. L'actuel programme d'économies a commencé à porter ses fruits au deuxième semestre de l'année, assure Julius Bär.

La capitalisation du groupe à fin octobre demeurait largement supérieure aux minima imposés par le régulateur.

Le conseil d'administration de Julius Bär a par ailleurs donné son feu vert à un programme de rachat d'actions plafonné à 400 millions de francs suisses. Il sera lancé ce mercredi et conduit jusqu'à février 2021.

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