Zurich (awp) - Julius Bär traîne toujours Kairos comme un boulet. Plombé par sa filiale italienne sur dix mois, le gestionnaire de fortune zurichois renonce en 2019 à son objectif d'entrées nettes d'argent, mais lance un programme de rachat d'actions pour apaiser les esprits.

Kairos apparaît - presque - comme la source de tous les maux de Julius Bär. La société milanaise en restructuration continue de subir une hémorragie de fonds, ce qui a ramené la croissance annualisée des entrées nettes d'argent du groupe à "moins de 3%" à fin octobre, indique mardi la banque zurichoise.

Ce niveau est clairement inférieur aux attentes du consensus AWP, mais il est surtout éloigné de l'objectif de 4-6% fixé par la banque, qui s'est résignée à manquer cette cible en 2019.

A fin octobre, la filiale italienne présentait une masse sous gestion de 8,4 milliards, rabotée de 29% par rapport aux 11,8 milliards du début d'année. Cité dans le communiqué, le nouveau directeur général Philipp Rickenbacher, en poste depuis le 1er septembre, évoque des "vents contraires" de nature "temporaire".

Pour contrebalancer ces effets négatifs, Julius Bär a pu compter sur le franc, dont l'appréciation face à l'euro a dopé les volumes. Le groupe a également réalisé une bonne collecte sur certains marchés, dont l'Asie, région hautement stratégique. A fin octobre, la masse sous gestion s'élevait à 422 milliards de francs suisses (+10%), un montant conforme aux attentes.

Les errements de Kairos ont laissé des traces sur la marge brute, en recul. Celle-ci s'est fixée légèrement au-dessus de 82 points de base (pb). Les analystes attendaient en moyenne 82 pb. La ratio coût/revenus a dépassé les attentes grâce aux efforts d'économies menés depuis plusieurs mois.

Avertissement sur résultats

Cela n'a pas empêché Julius Bär de lancer un avertissement sur résultats, causé par une correction de valeur sur l'écart d'acquisition de Kairos. La charge, non déductible des impôts, est estimée à 90 millions d'euros, soit près de 100 millions de francs suisses.

Le gestionnaire de fortune a malgré tout exclu toute cession de Kairos, optant pour un alignement plus complet et une collaboration plus étroite avec la filiale. Un programme de mesures destinées à dégager des synergies est en cours d'élaboration et doit être présenté ultérieurement.

Face à l'accumulation de mauvaises nouvelles, un geste envers les actionnaires semblait s'imposer. Le conseil d'administration a ainsi donné son feu vert à un programme de rachat d'actions plafonné à 400 millions de francs suisses et qui se prolongera jusqu'à février 2021.

Pour les spécialistes d'UBS, le programme de rachat d'actions constitue la "bonne surprise" de ce rapport. Il est là pour calmer les investisseurs, renchérit la Banque cantonale de Zurich, qui rabote cependant sa recommandation à "pondérer au marché". Pour Baader Helvea, l'avertissement sur résultats est "adouci" par ce cadeau fait aux actionnaires.

Julius Bär poursuit par ailleurs le toilettage de son portefeuille clients, ce qui a conduit à certains départs. Cet examen approfondi devrait arriver à son terme à la fin de l'année.

A la Bourse, l'action Julius Bär a terminé sur un gain de 0,3% à 46,46 francs suisses, dans un SLI en hausse de 0,06%.

fr/op