Zurich (awp) - La volatilité sur les marchés financiers causée par la crise du coronavirus a dopé les activités de Julius Bär au premier semestre. Le gestionnaire de fortune a enregistré une activité clientèle accrue qui a gonflé les recettes. Les analystes s'inquiètent du ralentissement amorcé en mai.

A fin juin, les avoirs sous gestion s'élevaient à 401,8 milliards de francs suisses, en recul de 5,7% sur six mois, indique Julius Bär lundi. Les effets de change et de marché ont entamé les volumes à hauteur respectivement de 12,5 milliards et de 16,2 milliards.

Les entrées nettes d'argent ont atteint 5,0 milliards, moins que les 6,2 milliards recueillis au premier semestre 2019. La banque revendique des afflux "solides" en provenance d'Europe - Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande et Luxembourg - ainsi que d'Asie, un marché stratégique.

Les turbulences politiques n'ont pas incité la banque à revoir sa présence à Hong Kong, a expliqué le directeur général Philipp Rickenbacher en conférence de presse. Au même titre que Singapour, ce marché demeure très important pour Julius Bär qui compte y développer encore ses activités.

La filiale italienne à problèmes Kairos a continué à peser sur la performance, avec de nouvelles sorties d'argent. Selon M. Rickenbacher, ces reflux sont principalement liés à la situation sanitaire en Italie, un pays fortement touché par le Covid-19. Une cession du gestionnaire italien n'est cependant pas à l'ordre du jour.

Le produit d'exploitation s'est étoffé de 8,9% sur un an à 1,85 milliard de francs suisses, soutenu par les revenus de commissions (+8,0% à 1,03 milliard). Les recettes tirées des opérations d'intérêts ont plongé d'un cinquième à 333 millions, tandis que celles issues des instruments financiers ont pris l'ascenseur (+71%) à 515 millions.

La marge brute s'est fixée à 92 points de base, contre 83 points il y a un an, selon les indications fournies par le groupe.

Les charges d'exploitation sont restées stables à 1,23 milliard. Les bonus de performance versés aux conseillers ont été compensés par les économies réalisées grâce aux suppressions de postes. Les frais généraux ont reculé de 5%. Le ratio coûts-revenus a été amélioré de 4,4 points de pourcentage à 66,6%.

Julius Bär a dégagé un bénéfice avant impôts de 616,4 millions (+31%), tandis que le résultat net a bondi de 43% à 491,0 millions.

Suppressions de postes réalisées

A l'exception du ratio coûts-revenus, les chiffres publiés sont supérieurs aux prévisions du consensus AWP. La masse sous gestion est dans la cible.

Aucune prévision chiffrée n'est fournie pour l'exercice en cours. Les objectifs à moyen terme sont confirmés. Ils impliquent un ratio coûts-revenus inférieur à 67%, une marge opérationnelle avant impôts entre 25-28 points de base, une progression du résultat avant impôts de 10% minimum entre 2020 et 2022 et un rendement des fonds propres de première catégorie supérieur à 30%.

Le programme de réductions de coûts suit son cours. Julius Bär a procédé à quasiment toutes les coupes dans les effectifs prévues en 2020, avec déjà un impact sur le résultat du premier trimestre, précise le communiqué. L'établissement zurichois compte économiser 200 millions de francs suisses et améliorer ses recettes d'au moins 150 millions d'ici 2022 comparé à 2019.

Julius Bär a bien évolué au premier semestre, sans briller toutefois, note Michael Kunz de la Banque cantonale de Zurich. En termes de marge brute, aucun miracle n'est à attendre pour le deuxième semestre. Le ralentissement des affaires au cours des deux derniers mois s'avère frappant, affirment les analystes d'UBS. Vontobel s'inquiète également de l'affaissement constaté durant ces deux mois. La marge brute devrait reculer au second semestre.

A la Bourse, l'action Julius Bär a fini lanterne rouge, en recul de 3,0% à 4,98 francs suisses, dans un SLI en hausse de 0,78%.

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