Milan (awp/afp) - Le groupe italien Ferrero va racheter les activités biscuits du groupe Kellogg pour 1,16 milliard d'euros (1,3 milliard de dollars), faisant un nouveau bond de taille sur le marché nord-américain.

Cette acquisition, annoncée lundi, survient en effet un an après le rachat par Ferrero des activités de confiserie du géant agroalimentaire suisse Nestlé aux Etats-Unis, pour près de 2,3 milliards d'euros.

L'accord avec Kellogg, qui doit se concrétiser avant la fin de l'année, concerne les marques américaines de biscuits Kleeber, Famous Amos, Mother's, Murray ou encore Little Brownie Bakers. Ferrero rachètera aussi des activités de snack aux fruits comme Stretch Island et Fruity, ainsi que les cônes et tartes Keebler's.

Ces activités ont généré un chiffre d'affaires d'environ 800 millions d'euros en 2018. Soit l'équivalent de 7,5% des 10,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires du groupe italien, connu pour son Nutella et ses chocolats aux noisettes Ferrero Rocher.

Cet accord représente "une excellente solution stratégique pour Ferrero parce qu'il permet de continuer à augmenter notre présence et notre offre de produits sur le marché américain", s'est félicité le président exécutif du groupe, Giovanni Ferrero, cité dans un communiqué.

"Nous achetons un portefeuille de marques bien implantées que les consommateurs aiment, avec des positions très fortes sur le marché dans leurs différentes catégories, ce qui nous permet de considérablement diversifier notre portefeuille et de profiter des opportunités enthousiasmantes de croissance du marché des biscuits le plus important au monde", a ajouté Lapo Civiletti, directeur général du groupe.

Vague d'acquisitions

Né en 1946 à Alba, dans le nord de l'Italie, et entièrement détenu par la très discrète famille Ferrero, le groupe s'est longtemps tenu à l'écart des acquisitions.

Aux Etats-Unis, il détenait seulement les bonbons Tic Tac depuis 1969.

"Michele Ferrero, le père de Giovanni, inventait lui-même les produits. Il était absolument contre les acquisitions et plaidait pour une croissance organique, en développant de nouveaux produits en interne", explique à l'AFP Umberto Bertelè, professeur à l'école de commerce de Polytechnique à Milan.

Mais Michele a passé la main et quelques mois avant sa mort en 2015, à l'âge de 89 ans, le groupe a commencé à revoir cette stratégie, en acquérant le groupe turc Oltan, spécialisé dans les noisettes, alors que Ferrero consomme un tiers de la production mondiale.

Il a ensuite croqué le chocolatier britannique Thorntons, puis Delacre et ses célèbres cigarettes russes, s'implantant ainsi sur le marché des biscuits de qualité, moins saturé que celui du chocolat.

Puis il a lancé son offensive aux Etats-Unis, qui représente à lui seul un cinquième du marché mondial des confiseries.

Ferrero y a mis dans son escarcelle le producteur de chocolat Fannie May en mars 2018 avant d'avaler Ferrara Candy Company, troisième fabricant américain de confiseries non chocolatées et très fort sur le marché des bonbons et chewing-gums.

Et l'an dernier, il s'est attaqué aux confiseries américaines de Nestlé, dont le chocolat Crunch, Butterfinger ou encore Raisinets... Au total, environ 760 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Avec cette acquisition, Ferrero est devenu le troisième producteur de confiserie aux Etats-Unis, derrière Hershey et Mars.

Grâce à sa croissance organique et ces diverses acquisitions, Ferrero a doublé son chiffre d'affaires mondial en dix ans. Il compte 22 sites de production et plus de 30.000 employés.

"Ferrero est une magnifique entreprise, avec des résultats excellents. Je me demande juste si, avec toute la tendance actuelle autour de la santé et de la lutte contre l'obésité, rester uniquement focalisé sur ce type de produits est le choix idéal", note M. Bertelè.

De son côté, Kellogg, une entreprise cotée en Bourse, contrairement à Ferrero, "est en train de mener une politique visant à se focaliser sur les produits où il est le plus fort. Il cède les autres, soit pour générer de l'argent et investir sur des segments où il a une position forte, soit pour augmenter la rentabilité et satisfaire les actionnaires alors que la valeur du titre a baissé ces dernières années", explique le professeur.

afp/rp