PARIS (awp/afp) - Des fermes rémunérées pour leurs efforts en faveur de l'environnement: près de 400 éleveurs laitiers peuvent désormais vendre à des entreprises des crédits carbone pour améliorer leur bilan, une pratique que le gouvernement comme les professionnels souhaitent voir se développer, même si la demande demeure incertaine.

Ce sont exactement 391 éleveurs laitiers, qui ont été labellisés "bas carbone", après avoir réduit leurs émissions de gaz à effet de serre et peuvent donc vendre des crédits carbone à des entreprises souhaitant compenser leurs propres émissions, a annoncé dimanche la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, en visite au Salon de l'agriculture.

Le label prévoit qu'une entreprise ou une collectivité qui veut compenser sa production de CO2 finance le projet de réduction des émissions de carbone d'un groupement d'éleveurs à travers un contrat sur cinq ans.

"L'agriculture, c'est 19% des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif qu'on s'est donné, c'est à peu près 18% de réduction entre 2015 et 2030", a-t-elle ajouté.

"Ce label, c'est un cadre, une garantie de l'Etat pour les acheteurs de crédits carbone sur la qualité des projets et sur le fait qu'ils vont effectivement permettre ces réductions des émissions de gaz à effet de serre", a affirmé la ministre.

Le référentiel a été bâti par les éleveurs, les services du ministère étant "simplement là pour valider, garantir les réductions présentées", selon Mme Borne.

Selon la ministre, sur 5 ans, 6.000 euros seraient versés pour une ferme de 100 bêtes qui réduirait de 20% les émissions gaz à effet de serre, "ce n'est pas rien en complément des revenus agricoles".

"Je le fais d'abord pour moi, pour mes enfants, mais s'il est possible d'avoir une compensation financière, c'est encore mieux", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Burette, 55 ans, éleveur du Pas-de-Calais engagé dans la démarche.

Il a notamment substitué à ses tourteaux de soja importés pour nourrir ses bêtes des tourteaux de colza produits en France, et diminué ses engrais chimiques, en valorisant les effluents d'élevage, réduisant ses émissions de 17%.

Seul hic, pour valoriser ces efforts, le marché du carbone est aujourd'hui inexistant ou presque en France. C'est donc d'institutions publiques ou para-publiques que vient essentiellement l'argent.

"Aujourd'hui, les premiers contrats sont valorisés à 35 euros/tonne par la Caisse des dépôts", indique à l'AFP Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait.

Le groupe Kering et La Poste étaient néanmoins présents dimanche pour témoigner de leur intérêt pour la démarche et Mme Bonneau assure que les éleveurs sont en pourparlers avec d'autres grandes entreprises privées, ainsi que des groupes locaux de l'agroalimentaire.

La filière espère voir 1.000 éleveurs inscrits dans le dispositif d'ici fin 2020, lesquels pourraient être rejoints rapidement par d'autres élevages comme les ovins, ainsi que par les grandes cultures.

Les éleveurs laitiers souhaitent réduire leurs émissions de 20% d'ici 2025.

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