Susan Meiselas évoque tout d'abord la série qui a marqué l'histoire de la photographie : Carnival Strippers (1976), actuellement présentée aux côtés des photographies d'Abigail Heyman et Eve Arnold au sein de l'exposition The Unretouched Woman à l'Espace Van Gogh d'Arles : « C'était l'époque des débats, des débats féministes: est-ce qu'une femme devrait utiliser son corps pour attirer les hommes, est-ce que les travailleuses du sexe étaient plus « libérées », parce que, par nécessité, elles travaillaient avec leur corps... ? Les femmes étaient en transit, elles allaient et venaient. J'ai essayé de construire une relation avec elles, et, dès que je les ai mieux connues, j'ai senti que leur voix devait venir d'elles - de mes photos. »

Après avoir raconté ses années de reportages de guerre au Nicaragua et au Kurdistan, la photographe américaine revient sur son projet Archives of Abuse, témoignage des histoires de femmes victimes de violences conjugales à San Francisco : « Je suivais la police, me rendais d'hôtel en hôtel, photographiais les blessures. Je me suis assise avec des policiers, j'ai vu leurs rapports s'empiler sur leurs bureaux et j'ai réalisé qu'ils les faisaient, ces photos « preuves » que je voulais faire. Ils les avaient déjà faites et ils recueillaient les témoignages. Chaque dossier ouvrait une nouvelle histoire. Alors on a fini par en faire des collages qui ont ensuite été utilisés pour une campagne de sensibilisation sur les violences conjugales et le premier numéro d'urgence à San Francisco à l'époque. »

Susan Meiselas partage ensuite son expérience dans un foyer d'accueil pour les femmes battues au Nord de l'Angleterre, où elle propose des ateliers de photographie et de dessins. Elle y a photographié les chambres d'accueil des victimes : « Beaucoup de femmes nous ont raconté différentes histoires, parfois moins sur les raisons qui les avaient amenées au foyer que sur leur détermination à aller de l'avant, à construire une nouvelle vie. Je vois ces chambres comme des miroirs, des portraits, des lieux très cliniques, très institutionnels, qu'elles ont essayé d'aménager à leur image. En un sens, quand on voit à quel point ces chambres sont vides, on peut se dire que ces femmes ne possédaient pas grand-chose, mais on peut aussi se dire l'inverse : qu'elles ne voulaient pas rester là trop longtemps. Bien sûr, pour protéger ces femmes, les conditions de ma présence étaient que je ne révèle pas l'emplacement du foyer et qu'aucune de ces femmes n'apparaisse sur mes photos. »


La lauréate conclut sur le titre de son projet, Eyes Wide Open : « Alors voilà, les Yeux Grands Ouverts ! Ce qui est incroyablement difficile. Car ce ne sont pas juste vos yeux, c'est aussi votre cœur. Et je me demande : peut-on toujours rester ouvert à regarder et écouter ? Rendre visible ce qui est là, caché ou interdit ? Je ne sais pas. J'imagine que je me vois comme une Woman In Motion dans le sens où je continue de suivre ma voie et de vivre cette aventure, et je remercie tous ceux qui en ont fait partie. J'ai de vieux amis dans la salle. On a besoin d'amis dans la vie, quand on continue d'avancer. Alors merci à tous. »

À propos de Susan Meiselas
Née en 1948 à Baltimore (États-Unis), Susan Meiselas est une photographe documentaire qui vit et travaille à New-York. Elle est l'auteur de Carnival Strippers (1976), Nicaragua (1981), Kurdistan : In the Shadow of History (1997), Pandora's Box (2001), Encounters with the Dani (2003), Prince Street Girls (2016) et A room Of Their Own (2017). Elle a co-édité les deux ouvrages : El Salvador, Work of 30 Photographers (1983), et Chile from Within (1990), réédités en livre électronique en 2013. Elle a également co-réalisé deux films : Living at Risk (1985), et Pictures from a Revolution (1991) avec Richard P. Rogers et Alfred Guzzetti.
Susan Meiselas est renommée pour son travail sur la question des droits de l'homme en Amérique Latine. Ses photographies font partie de collections américaines et internationales. En 1992, elle s'est vue attribuer le prix MacArthur et a reçu, en 2015, la bourse du Guggenheim. Elle a également été récompensée, en 2019, par le Prix de la Fondation Deutsche Börse pour la Photographie.
Mediations, une exposition bilan de son travail des années 1970 à aujourd'hui, a récemment été présentée à la Fundació Antoni Tàpies à Barcelone, au Jeu de Paume à Paris, et au San Francisco Museum of Modern Art.

À propos de Women In Motion
L'engagement de Kering auprès des femmes est au cœur des priorités du Groupe, et s'étend, à travers Women In Motion, au domaine des arts et de la culture où les inégalités femmes-hommes sont encore criantes, alors même que la création est l'un des vecteurs de changement les plus puissants.
En 2015, Kering lance Women In Motion au Festival de Cannes avec pour ambition de mettre en lumière les femmes du cinéma, devant et derrière la caméra. Le programme s'est depuis étendu à la photographie, à l'art et à la littérature. Il récompense, à travers ses Prix, des figures inspirantes et de jeunes talents féminins ; et offre, dans le cadre de ses Talks, un lieu d'expression à des personnalités qui partagent leur regard sur la représentation des femmes au sein de leur profession.
Women In Motion est depuis cinq ans une tribune de choix pour contribuer à changer les mentalités et à réfléchir à la place des femmes et à la reconnaissance qui leur est accordée dans tous les domaines artistiques.

À propos de Kering
Groupe de Luxe mondial, Kering regroupe et fait grandir un ensemble de Maisons emblématiques dans la Mode, la Maroquinerie, la Joaillerie et l'Horlogerie : Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, Alexander McQueen, Brioni, Boucheron, Pomellato, Dodo, Qeelin, Ulysse Nardin, Girard-Perregaux, ainsi que Kering Eyewear. En plaçant la création au cœur de sa stratégie, Kering permet à ses Maisons de repousser leurs limites en termes d'expression créative, tout en façonnant un Luxe durable et responsable. C'est le sens de sa signature : Empowering Imagination.

À propos des Rencontres d'Arles
Créées en 1970, les Rencontres d'Arles sont le grand festival de photographie de renommée mondiale. Incubateur culturel, au plus près des artistes, les Rencontres d'Arles sont une radiographie annuelle de la création photographique doublée d'un esprit festif. Se faisant l'écho et le promoteur des pratiques artistiques, Les Rencontres d'Arles présentent chaque année le travail de 250 artistes et commissaires d'exposition à travers 40 expositions dans les lieux patrimoniaux scénographiés pour l'occasion. Pour un public toujours plus nombreux, le festival révèle les tendances, ouvre des voies, décrypte les images, produit du sens, fabrique du contenu.

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Contacts Presse Rencontres d'Arles
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La Sté Kering SA a publié ce contenu, le 05 juillet 2019, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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