L'action Kering paye cher la décélération plus marquée que prévu de sa marque phare Gucci : en baisse de 7%, le titre a maintenu cédé 12% relativement au sommet historique du milieu du mois d'avril, à un cheveu des 540 euros. La sanction est d'autant plus rude que ni LVMH, ni Hermès n'ont été pénalisés ainsi après leurs points semestriels.

Si Hermès est en quelque sorte un groupe de luxe 'monomarque', LVMH (avec Louis Vuitton) et Kering (avec Gucci) disposent tous deux d'un navire amiral dont la taille surclasse, de loin, celle des autres 'bâtiments'. Qu'on en juge : pour Kering, au 1er semestre, Gucci concentrait pratiquement 63% des facturations et environ 80% du résultat opérationnel courant. Autant dire que l'action ne peut qu'y être - très - sensible.

En séquence, la croissance organique de Gucci a défrayé la chronique ces dernières années grâce, schématiquement, à de nouvelles collections très prisées notamment en Asie. Après 12,7% en 2016, la progression comparable du CA de la marque italienne s'est envolée à 44,6% en 2017, avant de 'ralentir' un peu en 2018, à 36,9%. La tendance à la normalisation s'est poursuivie au 1er trimestre 2019 (T1 ; + 20% tout de même), puis durant le second quart de l'année (T2). Mais à 12,7% également, ce dernier taux a manqué de pratiquement deux points de pourcentage les attentes du marché.

Est-ce si grave ? Rappelons que chez Hermès, où les variations de périmètre sont minimes, la croissance à changes constants, agrégat le plus comparable, a atteint 13% au T1, puis 12% au T2. LVMH est le seul des trois 'larrons' français à connaître une accélération séquentielle : + 11% au T1, puis + 12% au T2. Tendance 'contrarienne' qui vaut aussi pour l'italien Moncler : + 11% à changes constants (mais sans guère d'effet de périmètre non plus) au T1, puis + 13% sur l'ensemble du S1.

En somme, après un 'boom' d'une rare intensité, la croissance organique de Gucci semble condamnée à rentrer dans le rang. Reste que pour l'heure, son rythme est parfaitement comparable à celui des grandes valeurs concurrentes alors que le PER de l'action Kering, lui, s'affiche en net retrait.

EG

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