Quelques mois après l'annonce du rachat de l'australien Mantra, le numéro un européen de l'hôtellerie poursuit sa stratégie d'acquisition permise par la cession d'une majorité du capital de son pôle immobilier.

Fondé en 1973 en Suisse, Mövenpick est présent dans 27 pays avec 84 hôtels et plus de 20.000 chambres, avec une implantation particulièrement forte en Europe et au Moyen-Orient.

En outre, l'ouverture de 42 hôtels supplémentaires est prévue d’ici 2021, représentant près de 11.000 chambres, avec un important développement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie-Pacifique.

"Avec l'acquisition de Mövenpick, nous consolidons notre leadership sur le marché européen et accélérerons encore notre développement sur les marchés émergents, notamment au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie-Pacifique", déclare Sébastien Bazin, PDG d'AccorHotels, dans un communiqué.

Les multiples de valorisation de l'opération ressortent à 14,9 fois la valeur d'entreprise(EV) sur l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) estimé pour 2019 incluant les coûts d’acquisition et à moins de 10 fois en tenant compte des synergies attendues et des projets d'ouvertures déjà sécurisés, précise le groupe.

Cette opération a été bien accueillie par le marché, le titre AccorHotels prenant 2,11% à 12h15, alors que le CAC-40 avance de 0,23% au même moment.

La valeur gagne près de 10% depuis le début de l'année, surperformant l'indice Stoxx Europe du voyage et des loisirs qui cède 5% sur la période.

UN PRIX JUGE RAISONNABLE

"Le prix payé après synergies nous semble raisonnable", notent les analystes de Raymond James, pour qui l'impact positif des synergies sur les résultats pourrait être compris entre 2% et 5% la première année.

Ceux de Bernstein soulignent pour leur part que malgré sa taille moyenne, Mövenpick dispose d'un "impressionnant 'pipeline' de 11.000 chambres".

L'opération, qui porte sur 100% du capital, se fera auprès Mövenpick Holding, qui en détient 66,7% et qui appartient au milliardaire allemand August von Finck. Les 33,3% restants seront acquis auprès de Kingdom Holding, propriété du prince saoudien Al-Walid ben Talal, actionnaire d'AccorHotels à hauteur de 5,7% et propriétaire de l'hôtel Georges V à Paris.

AccorHotels a engagé en février la cession d'une majorité du capital de sa filiale immobilière AccorInvest, une étape clé dans son plan de transformation, se rapprochant des modèles "asset light" d'InterContinental ou de Marriott.

Depuis, Sébastien Bazin a clairement dit que le groupe allait poursuivre le rythme de ses acquisitions grâce aux recettes tirées de la cession d'AccorInvest plutôt que de verser à ses actionnaires des dividendes exceptionnels.

Pour se diversifier et mieux résister à la concurrence des plates-formes de location comme AirBnB et celle des grandes centrales de réservation en ligne comme Booking, AccorHotels s'est profondément transformé et a multiplié les acquisitions.

Le groupe a investi dans le luxe en rachetant les marques Fairmont, Raffles et Swissôtel, dans des plates-formes de location de résidences haut de gamme (Onefinestay, Travel Keys), dans la vente privée de voyages (VeryChic) et la conciergerie (John Paul).

AccorHotels vient d'acquérir la plate-forme de réservation pour restaurants ResDiary, de prendre une participation de 50% dans le sud-africain Mantis, exploitant de lodges de luxe, et a obtenu le feu vert pour racheter l'australien Mantra.

Le groupe s'est même diversifié dans l'événementiel - avec une part minoritaire dans Noctis, gérant d'emblématiques clubs parisiens comme Castel ou Raspoutine - et dans l'immobilier commercial avec Bouygues.

La transaction devrait être finalisée au second semestre.

(Benoit Van Overstraeten et Pascale Denis, édité par Cyril Altmeyer)