* L'action est tombée à un plus bas d'un mois

* La production et la commercialisation du Note 7 interrompues

* Les prévisions de C.A. et de profits pour le T3 abaissées

* Des dégâts sur le log terme pour la marque Samsung-analystes

par Se Young Lee, Julia Love et Deborah M. Todd

SEOUL, 12 octobre (Reuters) - Samsung Electronics doit déterminer rapidement la cause de la surchauffe de ses Galaxy Note 7, qui a abouti à leur retrait du marché, et lancer un nouveau modèle, ont déclaré des investisseurs mercredi.

Samsung a annoncé mardi l'arrêt définitif des ventes du Galaxy Note 7, moins de deux mois après le lancement de ce téléphone mobile haut de gamme, et cet échec pourrait être l'un des plus retentissants de l'histoire des nouvelles technologies.

Investisseurs et analystes conviennent que les dégâts sur l'image de marque et les résultats à venir du groupe sud-coréen seront d'autant plus importants qu'il tardera à faire toute la lumière sur l'incident, certains anticipant d'ores et déjà un manque à gagner de l'ordre de 17 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros).

Samsung a abaissé mercredi ses prévisions de chiffre d'affaires et de résultat d'exploitation du troisième trimestre.

La prévision de bénéfice d'exploitation a été réduite de 2.600 milliards de wons à 5.200 milliards de wons (4,2 milliards d'euros), tandis que le chiffre d'affaires attendu sur la période est désormais de 47.000 milliards de wons contre 49.000 milliards.

"C'est bien que Samsung ait pris une décision ferme sur le Note 7 mais on s'inquiète car on ne connait pas la nature du problème", dit Kim Hyun-su (IBK Asset Management).

"Samsung doit s'expliquer pour que le consommateur soit certain que ces problèmes ne se produiront plus sur les prochains modèles (...) Samsung doit expliquer sans rien omettre ce qui n'a pas marché".

Les gérants de fonds pensent que Samsung s'emploiera à mettre sur le marché le plus rapidement possible la dernière version de ses smartphones haut de gamme de la série S. Le groupe coréen a l'habitude de dévoiler un nouveau combiné Galaxy S en marge du salon Mobile World Congress, au premier trimestre.

"On verra ce que l'avenir nous réserve mais à mon avis Samsung va faire vite avec le Galaxy S8; il a les moyens de production et de fabrication pour ce faire", ajoute Kim Hyun-su.

Les experts se perdent en conjectures sur la cause de la surchauffe des combinés de remplacement, et ne voient guère d'autre source que la batterie. Samsung n'a fait aucun commentaire à ce sujet.

Un expert l'Agence coréenne des technologies et des normes, qui étudie la question avec Samsung, estime que le problème des combinés de remplacement est peut-être différent de celui des appareils d'origine.

En Bourse de Séoul, l'action Samsung Electronics a cédé 0,65% à 1,535 million de wons, après avoir inscrit un plus bas d'un mois de 1,494 million, tandis que l'indice de référence Kospi a gagné 0,09% dans le même temps.

Elle accuse une perte de 11% depuis le début de la semaine et risque de subir son recul hebdomadaire le plus marqué depuis décembre 2008.

"Samsung n'en a pas fini de redorer son blason terni en raison de la nature spectaculaire et dangereuse des défauts de l'appareil", observe Vijay Michalik, analyste du consultant Frost & Sullivan.

LE MALHEUR DES UNS...

En attendant, les malheurs de Samsung pourraient bien faire le bonheur d'autres fabricants de smartphones tournant sous le système d'exploitation Android de Google.

C'est peut-être moins vrai pour le rival de toujours Apple car un problème matériel ne pousse pas a priori le consommateur à changer de système d'exploitation, soit dans ce cas abandonner Android au profit de l'iOS d'Apple, dit Jan Dawson (Jackdaw Research).

Apple profitera de cette opportunité mais "je ne crois pas que ce sera à fond car Apple a un produit unique", dit Bob O'Donnell, de TECHnalysis Research.

Le consultant TrendForce a augmenté de trois millions, à 208 millions de combinés, la prévision de livraisons d'Apple cette année et a fait de même pour le chinois Huawei Technologies , le numéro trois mondial, à hauteur de quatre millions. Il a en revanche revu en baisse de six millions celles de Samsung.

"Une bonne partie de la demande des consommateurs va maintenant se porter sur les trois grandes marques chinoises, Huawei, Vivo et OPPO", explique-t-il.

Google, qui a annoncé la semaine dernière une nouvelle gamme de smartphones baptisée Pixel, pourrait également tirer son épingle du jeu.

"La déconfiture de Samsung est l'occasion pour Google de faire bien mieux avec le Pixel qu'avec le Nexus", observe Richard Windsor, analyste d'Edison Investment Research.

Malgré tout, Samsung restera compétitif dans le haut de gamme, disent les analystes.

Le V20 de LG n'arrivera pas aux Etats-Unis avant la fin du mois, tandis que le Pixel y sera disponible le 20 octobre mais par le seul intermédiaire de Verizon.

"Google doit être là dans les étals et auprès des opérateurs, avec du volume et dans les temps pour répondre à cette demande (...) Il doit accélérer le lancement autant qu'il le peut", note Richard Windsor.

BREAKINGVIEWS-Huawei and Lenovo salivate at Samsung phone fail

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)