Les régulateurs américains et européens ont la pratique du "pay-for-delay" dans le collimateur car, estiment-ils, elle peut se traduire par une hausse des prix des médicaments allant jusqu'à 20% pour l'usager final, estiment-ils.

Pour sa part, c'est la troisième fois que l'exécutif européen sanctionne ce type de pratique, suivant laquelle des laboratoires payent des producteurs de génériques pour qu'ils repoussent la commercialisation de médicaments concurrents.

Pour l'industrie pharmaceutique, le "pay-dor-delay" est une manière de parer à des procédures de contentieux longues et coûteuses.

La plus forte amende est pour Servier, le deuxième laboratoire français étant condamné à payer plus de 331 millions d'euros, tandis que l'israélien Teva - premier fabricant mondial de génériques - écope pour sa part d'une amende de 15,57 millions d'euros.

"Servier a eu recours à une stratégie qui consistait à racheter systématiquement toute menace concurrentielle, afin de s'assurer qu'elle resterait à l'écart du marché", écrit Joaquin Almunia, vice-président de la Commission chargé de la concurrence, dans un communiqué publié mercredi.

La CE explique que les accords passés par Servier avec des concurrents génériqueurs, de 2005 à 2007, visaient à protéger de la concurrence son périndopril, un traitement des hypertensions artérielles, insuffisances cardiaques et maladies coronariennes.

Servier a dit qu'il ferait appel. "A aucun moment les patients n'ont été privés du périndopril et l’entrée des génériques n’a pas été retardée", a réagi la porte-parole Lucy Vincent. "Servier a agi de manière transparente et légitime afin de protéger ses brevets, essentiels pour poursuivre le développement de médicaments innovants au bénéfice des patients".

Les autres laboratoires concernés sont Unichem et sa filiale Niche, Matrix, désormais connu sous le nom de Mylan Laboratories, le slovène Krka et Lupin.

(Patrick Vignal et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Foo Yun Chee