Genève (awp) - La transformation de Kudelski reste délicate et difficile. Le groupe technologique vaudois a vu son chiffre d'affaires reculer de 11% au premier semestre 2019, avec une perte nette supérieure aux prévisions. L'accent, plus que jamais, est mis sur les services à forte valeur ajoutée dans la cybersécurité.

Kudelski a annoncé mercredi un chiffre d'affaires de 400,6 millions de dollars (presque autant en francs suisses), contre 437,7 millions douze mois plus tôt, et une perte nette de 20,4 millions, certes réduite de près de moitié par rapport à celle essuyée au premier semestre 2018, mais nettement plus élevée que les 13,2 millions pronostiqués par les analystes du consensus AWP.

Le résultat opérationnel avant dépréciation et amortissements (Oibda), hors coûts de restructuration, a atteint 29,2 millions de dollars, en hausse de 10 millions sur un an.

Principale division du groupe, Digital TV (accès sécurisés pour la télévision numérique) a généré 190 millions de dollars de ventes, en baisse de 12% à taux de change constants. Le marché continue à se rétrécir, en raison notamment de la baisse du nombre d'abonnés des principaux opérateurs TV.

Pour cette raison, Kudelski poursuit sa réorientation dans la sécurisation des objets connectés et surtout la cybersécurité. Dans ce dernier segment, le chiffre d'affaires s'est monté à 72,9 millions de dollars, en baisse de 3,3% mais avec une marge opérationnelle en hausse.

"Pour l'ensemble de l'année, nous sommes en bonne voie pour atteindre notre objectif de profitabilité opérationnelle, sachant que la phase dans laquelle nous nous situons est un point de passage obligé et n'est forcément pas agréable", a déclaré à AWP le directeur général (CEO) et président du groupe André Kudelski. Hors coûts de restructuration, cette rentabilité avant dépréciation et amortissements est attendue entre 80 et 95 millions de dollars.

A moyen terme, le groupe basé à Cheseaux et dans l'Arizona prévoit un équilibrage entre ses trois divisions principales, Digital TV (accès sécurisés pour la télévision numérique, qui perd en importance relative), Public Access (contrôle d'accès notamment pour parkings ou stations de ski) et Kudelski Security (cybersécurité).

Chacune de ces trois entités doit représenter à l'avenir entre 25% et 40% des ventes du groupe. Le secteur IoT, encore relativement restreint car peu mature, est compté avec la cybersécurité dans cette répartition.

Kudelski compte par ailleurs à terme à nouveau dépasser le milliard de chiffre d'affaires annuel.

Economies

Mais dans l'immédiat, les efforts portent sur l'efficacité opérationnelle et la maîtrise des coûts. Le premier semestre a vu une réduction d'effectifs de 182 personnes, à parts égales entre l'Asie (du fait de la cession de SmarDTV) et l'Europe (mais pas en Suisse), pour un nombre d'employés actuel de 3500 personnes environ.

Sur les 18 derniers mois, Kudelski a réalisé environ 70 millions de dollars d'économies, dont 30 millions sur le premier semestre 2019. Les frais de restructuration, à l'opposé, se sont montés à 13,7 millions depuis janvier. Le retour aux chiffres noirs, avec un bénéfice net pour le groupe, est visé pour 2020. "Nous sommes entrés dans la dernière phase de la transformation", a relevé M. Kudelski.

La récente nomination de Nancy Goldberg comme directrice marketing et ventes de Digital TV (DTV) et membre de la direction doit faciliter le développement en dehors de la base de clients traditionnels. En outre, dans les changements structurels, le groupe a procédé au regroupement de deux unités de DTV et va améliorer les synergies entre Skidata et ses autres entités.

Le titre au porteur Kudelski, qui flirte avec ses plus bas historiques, a jouit d'un répit mercredi, s'appréciant sur la journée de 2,9% à 6,00 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,89%.

Les analystes restent prudents. UBS note que Kudelski n'a pas confirmé son objectif de chiffre d'affaires pour l'année. La grande banque observe que les progrès dans la cybersécurité sont "limités" et que la division Digital TV a continué à perdre du terrain.

Vontobel retient pour sa part les progrès en matière de réduction des coûts mais se préoccupe du "déclin des ventes" dans la télévision. La banque constate cependant que le groupe "poursuit sa transformation et enregistre une bonne progression au niveau de l'Ebitda ajusté".

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