Zurich (awp) - Le logisticien Kühne+Nagel a enregistré un chiffre d'affaires en hausse en 2019, ainsi qu'une meilleure rentabilité, lui permettant d'engranger un plus gros bénéfice. En 2020, il risque d'être pénalisé par l'impact du coronavirus mais souhaite procéder à des acquisitions en Asie. Pour ce faire, il a raboté son dividende par rapport à 2018.

Le chiffre d'affaires net a progressé de 1,5% à 21,09 milliards de francs suisses, a indiqué jeudi le groupe de transport. Le produit brut s'est inscrit à 7,9 milliards, en progression de 3,5%.

Par divisions, les recettes dans le fret maritime ont grappillé 4,6% à 7,5 milliards de francs suisses "malgré un marché en stagnation". L'Ebit s'y est amélioré de plus de 9% à 456 millions.

En revanche, le chiffre d'affaires du fret aérien a reculé de 4,5% à 4,6 milliards de francs suisses. Les volumes de cette division ont diminué de 5,7% à 1,6 million de tonnes par rapport à 2018, en raison d'une plus faible demande de l'industrie européenne, en particulier automobile, et à un volume plus réduit de denrées périssables.

En matière de fret terrestre, les recettes ont gagné 1,7% (3,5 milliards) grâce notamment à des acquisitions et de gros clients en Amérique du Nord.

Concernant la logistique contractuelle, "la restructuration du portefeuille de produits et de clients a montré des succès". Le chiffre d'affaires s'est enrobé de 2,8% à 5,4 milliards de francs suisses. "Avec l'ouverture de nouveaux centres de distribution en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg, l'accent est mis sur le secteur pharma et le commerce en ligne", selon le communiqué.

Le directeur général Detlef Trefzger a ajouté, lors d'une conférence de presse jeudi à Zurich, que la restructuration devrait être bouclée d'ici deux à trois partiels.

Impact du coronavirus

Par régions, l'Europe, le Proche-Orient et l'Afrique ont contribué à hauteur de 12,8 milliards au chiffre d'affaires du groupe. La région Amérique du Nord et du Sud a engrangé 5,8 milliards et l'Asie-Pacifique 2,5 milliards.

Le résultat d'exploitation brut (Ebitda) du groupe de Schindellegi a bondi de plus de 51% à 1,8 milliard tandis que le résultat opérationnel (Ebit) a dépassé le milliard, à 1,06 milliard (+7,5%). La progression du bénéfice net s'élève à 3,6%, soit 800 millions de francs suisses.

Les principaux chiffres ont dépassé le consensus AWP, sauf le produit brut qui s'inscrit tout de même dans la fourchette des prévisions.

Le groupe ne fournit aucune prévision chiffrée pour l'exercice en cours, indiquant seulement se concentrer sur la croissance en Asie et la durabilité. "Nous prévoyons de grosses acquisitions en Asie", a assuré le chef des finances M. Blanka-Graff lors d'un entretien avec AWP. La décision n'est pas encore mûre. Ce projet est aussi l'explication avancée pour justifier de la baisse de deux francs suisses du dividende par rapport à 2018, soit quatre francs suisses par action.

Le logisticien est déjà touché par les conséquences de l'épidémie du coronavirus. Pour les transports depuis la Chine, le groupe a observé "des pertes de volume significatives" au premier trimestre par rapport à l'an dernier, a fait savoir le CFO. En tout, 5000 employés travaillent dans l'Empire du Milieu.

Le premier trimestre 2020 devrait être plus faible que celui de 2019, a confirmé M. Blanka-Graff. Pour le reste de l'année, il y aura probablement "un effet compensatoire".

M. Blanka-Graff a confirmé l'objectif 2022 d'une marge de conversion de 16%. Actuellement, elle se situe à 13,3%. Elle reflète le rapport entre l'Ebit et le revenu brut et est un indicateur important dans le secteur.

Une baisse du dividende qui déçoit

Dans l'ensemble, les analystes déplorent la baisse du dividende et craignent l'impact engendré par l'épidémie de Covid-19.

Goldman Sachs est le plus sévère, pointant un Ebit en deçà de 4% de ses estimations, en raison notamment de résultats plus faibles que prévu dans le fret aérien. Et s'inquiète des effets du coronavirus sur les activités du groupe. Il recommande de vendre le titre.

"Les perspectives sont relativement vagues, ce qui n'est pas surprenant étant donné les incertitudes liées au coronavirus", souligne la Banque cantonale de Zurich. Elle se dit déçue par la baisse de la rémunération des actionnaires, de même que Citigroup.

Baader Helvea continue pour sa part de soutenir l'achat de l'action Kühne+Nagel, en s'appuyant sur l'amélioration de la génération des flux de trésorerie libre (+140% à 1,1 milliard de francs suisses).

La copie rendue par le logisticien de Schindellegi n'a pas eu l'heur de plaire aux investisseurs. L'action Kühne+Nagel a bouclé la séance sur un recul de près de 4,7% à 142,45 francs suisses, sous-performant nettement son indice de référence (SLI) qui a chuté de 3,21%.

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