Ses 107,61 milliards d'euros de capitalisation boursière, L'Oréal les vaut largement. Au troisième trimestre, le numéro un mondial des cosmétiques a vu sa croissance organique s'accélérer à 5,1%, contre 4,3% au deuxième trimestre et un consensus de 4,5%. Pourtant, le titre cède 0,16% à 192,15 euros. Les analystes ont, bien sûr, salué la performance du groupe qui bénéficie de la robustesse de la demande en Asie et de l'engouement croissant des consommateurs pour ses produits de luxe. Mais c'est justement là que le bât blesse.

Dans une note publiée ce matin, Citigroup souligne que le modèle économique de L'Oréal est coupé en deux entre, d'un côté, l'Asie et le luxe comme principaux moteurs de croissance et, de l'autre, les divisions Grand public et Produits professionnels, ainsi que la région Amérique du Nord, en situation de faiblesse.

Un point de vue partagé par d'autres brokers. Barclays observe ainsi qu'une fois de plus, la croissance est clairement à deux vitesses, le luxe (et les consommateurs chinois) faisant plus que compenser la faiblesse actuelle des marchés développés et du grand public. Selon le bureau d'études, L'Oréal devra travailler dur pour renouer avec une forte croissance aux Etats-Unis afin d'éviter un atterrissage brutal si la croissance en Chine devait caler.

Oddo BHF a également pointé du doigt le découplage marqué des activités du groupe. Les écarts entre la division Grand public et la division Luxe ou encore entre les marchés émergents, dont l'Asie, et les pays matures, dont l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest, sont de plus en plus importants depuis maintenant plusieurs trimestres, indique le courtier.

Dès lors, il devient selon lui difficile de savoir si cet écart durera ou se réduira à l'avenir. Cela amène des questions sur la stratégie à adopter à moyen terme, ajoute Oddo BHF pour qui la visibilité semble plus réduite au vu des changements de plus en plus rapides des modes de consommation.

Pour autant, l’intermédiaire a relevé son objectif de cours sur le titre de 197 à 212 euros tout en réitérant sa recommandation d'Achat, soulignant la diversification payante de L'Oréal. De par sa présence sur la plupart de segments de la beauté, de par son empreinte géographique globale et de par sa présence sur quasiment tous les canaux de distribution, L'Oréal arrive à toujours avoir la bonne marque sur le bon segment sur la bonne région au bon moment quand les temps sont plus durs, se félicite Oddo BHF.

Pour ce dernier, cela assure une stabilité et une qualité de performance dans le temps, une caractéristique qui devrait devenir de plus en plus prisée vu les évolutions du marché.