Les Bourses européennes ont vécu jeudi une séance aux allures de douche froide après la révision à la baisse des prévisions économiques de la Commission européenne et de la Banque d'Angleterre et avec les malheurs de Publicis, lourdement sanctionné après une publication trimestrielle jugée décevante par les investisseurs.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,84%, sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis le 6 décembre, pour clôturer à 4.985,56 points, le Dax allemand a cédé 2,67% et le Footsie britannique a reculé de 1,11%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,93%, le FTSEurofirst 300 1,28% et le Stoxx 600 1,49%.

Les craintes pour l'économie mondiale ont repris le dessus et celles autour des tensions commerciales et du Brexit sont loin d'avoir disparu alors que se profilent des échéances cruciales sur ces deux fronts.

A l'approche de la mi-séance en Europe, la Commission européenne a revu en forte baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro pour cette année et la suivante, en évoquant notamment les frictions entre Washington et Pékin, le ralentissement économique de la Chine et le niveau de la dette dans certains pays de l'union monétaire, Italie en tête.

De son côté, la Banque d'Angleterre (BoE) a prévenu que l'économie britannique pourrait connaître cette année son taux de croissance le plus faible depuis dix ans en raison des effets du Brexit et du ralentissement de l'économie mondiale.

L'institut d'émission, qui a comme prévu laissé sa politique monétaire inchangée, s'inquiète notamment des conséquences d'un Brexit sans accord. Sur ce front, l'Union européenne a accepté jeudi de continuer à travailler avec Theresa May pour voir s'il était possible d'éviter un tel scénario.

Cette concession s'apparente à un lot de consolation offert par les Européens à la Première ministre britannique, venue spécialement à Bruxelles pour demander à l'UE de l'aider à modifier l'accord de Brexit, hypothèse maintes fois exclue par les Vingt-Sept.

VALEURS

En Bourse en Europe, Le secteur automobile a lourdement chuté (-4,88%), plombé par la forte baisse de Fiat Chrysler (-12,20%), qui a fait état d'une prévision de bénéfice d'exploitation pour 2019 inférieure aux attentes des analystes financiers.

Parmi les plus fortes baisses sectorielles en Europe figure également l'indice Stoxx des médias (-2,72%), lesté par Publicis (-14,84%), le recul inattendu des revenus du numéro trois mondial de la publicité au quatrième trimestre ayant refroidi des investisseurs déjà fébriles.

La plus forte baisse du Stoxx 600 n'est pourtant pas pour Publicis mais pour TUI avec une chute de 19,34% à la Bourse de Londres, le premier voyagiste européen ayant fortement revu à la baisse sa prévision pour l'exercice 2018-2019.

Société générale a perdu 6,78% après avoir annoncé des résultats au quatrième trimestre globalement conforme aux attentes du marché, tout en décidant à son tour d'abaisser ses objectifs financiers à l'horizon 2020.

Parmi les rares hausses notables du jour, Pernod Ricard a gagné 1,22% après avoir relevé son objectif de résultat opérationnel annuel et dévoilé les grands axes de son nouveau plan stratégique.

A WALL STREET

A l'heure de la clôture en Europe, les indices de la Bourse de New York perdaient plus de 1%, avec le même cocktail amer de craintes pour l'économie mondiale et de publications mal accueillies, à commencer par celle de Twitter, qui chute de 10,38% après avoir annoncé une prévision de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours inférieure aux attentes des analystes.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'annonce d'une diminution moins forte que prévu du nombre des inscriptions au chômage la semaine dernière aux Etats-Unis a eu peu d'effet sur la tendance.

CHANGES

Du côté des devises, le dollar se stabilise face à un panier de devises de référence dont l'euro, qui varie peu, autour de 1,1355.

La livre sterling a vécu une journée agitée, reculant dans un premiers temps après les annonces de la BoE avant de se retourner à la hausse quand le gouverneur de la banque centrale, Mark Carney, a insisté pendant sa conférence de presse sur le fait que la levée des incertitudes entourant le Brexit serait un facteur susceptible de conduire l'institution à davantage d'optimisme en matière de croissance et d'inflation.

TAUX

L'aversion au risque a profité aux obligations, ce qui s'est traduit par un recul des rendements des emprunts d'Etat.

Le rendement des Treasuries a 10 ans a cédé quatre points de base à 2,66% et le Bund allemand de même maturité, taux de référence de la zone euro, en a cédé plus de cinq à 0,11%, poursuivant son repli de la veille après l'annonce d'une baisse des commandes à l'industrie allemande.

PÉTROLE

Les cours du brut chutent, pénalisés à la fois par l'annonce d'une baisse des stocks aux Etats-Unis et par des inquiétudes pour la demande en raison des signes d'un ralentissement de l'économie mondiale.

Le Brent perd plus de 3% à 52,20 dollars le baril et le brut léger américain (WTI) abandonne près de 2% à 61,12 dollars.

A SUIVRE VENDREDI :

Plusieurs indicateurs sont à surveiller vendredi, notamment les chiffres mensuels des stocks et ventes de grossistes aux Etats-Unis (15h00 GMT). A Paris, les investisseurs réagiront aux publications trimestrielles d'Hermès et L'Oréal.

(Édité par Marc Angrand)

par Patrick Vignal