Genève (awp) - Lafargeholcim pourrait connaître un changement au sein de son actionnariat à l'échéance du 30 décembre 2022. Actionnaire majoritaire, Groupe Bruxelles Lambert (GBL) a lancé un emprunt obligataire échangeable en actions du cimentier saint-gallois mais conteste toute intention de désengagement. Certains observateurs du marché sont d'un autre avis.

"Il s'agit d'un instrument de financement et non une cession d'actions", a précisé vendredi à AWP Sophie Gallaire, responsable des relations avec les investisseurs chez GBL, par ailleurs propriété pour moitié de la société de participations genevoise Pargesa. "Notre intention est de renforcer notre profil de liquidité".

Détenteur au 30 juin de 9,29% du capital de Lafargeholcim par le biais de sa filiale Eliott Capital, GBL a émis 750 millions d'euros d'obligations échangeables en "actions existantes de Lafargeholcim garanties par GBL", selon un communiqué.

La participation finale de la société belge dans le capital du cimentier est conditionnée au choix que feront les souscripteurs, à savoir, un remboursement de leur prêt en titres et/ou en numéraire.

L'émission porte initialement sur environ 13,2 millions d'actions ou 2,1% du capital du géant du ciment. Les obligations à coupon zéro et échéance au 30 décembre 2022 offriront un rendement négatif de 0,3%. La prime de conversion a été fixée à 32,5%, "signe que le marché reconnait le potentiel d'appréciation du cours des actions Lafargeholcim", selon Mme Gallaire.

Risques de change

Les souscripteurs devront supporter les éventuels risques de change, le titre du cimentier étant coté en francs suisses à la Bourse suisse, tandis que l'emprunt émis par la société de participations belge est libellé en euros.

GBL dispose de deux représentants au conseil d'administration de Lafargeholcim, et "n'a aucune raison d'envisager de changement", a indiqué Mme Gallaire.

Analyste auprès de la banque ING, Hans D'Haese est d'avis contraire. Il voit "la poursuite de la nouvelle stratégie d'investissement du groupe devisée en 2012, d'avantage axée sur les sociétés non cotées". Cette transaction est par ailleurs similaire à celles antérieures visant à se défaire de participations rendue difficile à liquider en raison de leur taille, a-t-il ajouté.

GBL contrôlait à l'origine presque exclusivement des actifs cotés à la Bourse de Paris relevant essentiellement des secteurs des services publics et de l'énergie, a écrit l'analyste d'ING.

Désormais complètement sorti du secteur des services publics, GBL a annoncé au deuxième trimestre la cession de sa participation résiduelle dans le capital du groupe pétrolier et gazier français Total, amorcée en 2013, finalisant ainsi sa sortie du secteur de l'énergie.

maj/fr