Le fonds activiste britannique, qui détient environ 5% du capital du groupe de médias selon les données Refinitiv, estime dans un courrier adressé au conseil de surveillance et obtenu par Reuters que l’évolution récente du cours de Bourse est le "révélateur le plus évident de la gravité de la situation".

A 11h46, le titre Lagardère cédait 2,0747% à 23,6 euros, sous-performant l'indice sectoriel européen (-0,73%).

Entré il y a trois ans au capital, Amber est le troisième actionnaire du groupe derrière le fonds souverain du Qatar (13%) et Arnaud Lagardère (7,4%), gérant de la société en commandite.

Il a échoué l'an dernier dans sa tentative d'obtenir la nomination de deux candidats au conseil de surveillance, faute notamment du soutien du Qatar, qui avait semblé initialement appuyer son projet.

Depuis, Pierre Lescure, ancien président de Canal+, a démissionné tandis que plusieurs membres historiques du conseil comme Georges Chodron de Courcel (ex-DG délégué de BNP Paribas, 69 ans) et François Roussely (ex-PDG d'EDF, 74 ans) n'ont pas sollicité le renouvellement de leurs mandats respectifs.

Lagardère a également lancé un vaste programme de cessions destiné à se recentrer sur l'édition et les boutiques d'aéroport, répondant ainsi aux souhaits d'Amber, qui juge toutefois qu'elles interviennent "beaucoup trop lentement".

Lagardère espère engranger au total plus d'un milliard d'euros de ces cessions, qui se traduiront par une sortie du groupe des médias (en dehors du journal du Dimanche, d'Europe 1 et de Paris Match) et du sport.

Selon Amber, seulement 253 millions d'euros d'actifs ont été toutefois réellement cédés à ce jour, ce qui conduit le groupe à supporter encore des charges de restructurations et de dépréciations excessives. Il s'interroge également sur la volonté exprimée par la gérance de conserver la radio Europe 1, dont les pertes sont jugées significatives par le fonds et qui est désormais supervisée directement par Arnaud Lagardère.

Le fonds plaide également pour une révision de la gouvernance. Il s'interroge en particulier sur le coût représenté par Lagardère Capital & Management (LC&M), une holding d'Arnaud Lagardère qui refacture ses prestations au groupe alors même que les deux structures opérationnelles (édition et travel retail) disposent d'équipes de managers qualifiés.

Enfin, le fonds demande au conseil de surveillance - le seul véritable contre-pouvoir dans une société en commandite - de jouer pleinement son rôle, en s'assurant notamment lors du renouvellement du mandat du gérant, Arnaud Lagardère, qu'il est la personne "la plus qualifiée pour remplir ces fonctions".

Le groupe Lagardère n'a pas réagi dans l'immédiat à ces informations.

(Jean-Michel Bélot, édité par Bertrand Boucey)