Paris (awp/afp) - Après une année marquée par de nombreuses cessions dans les médias, Lagardère promet de bons résultats pour ses deux activités désormais clefs, l'édition et les réseaux de commerce dans les gares et aéroports, et envisage des acquisitions de taille.

La holding dirigée par Arnaud Lagardère a publié mercredi un bénéfice net pour l'année 2018 en hausse de 10% à 194 millions d'euros, notamment grâce à sa branche Travel Retail, la seule qui affiche une croissance de son chiffre d'affaires (+7,7% à 3,7 milliards d'euros).

Le groupe a vendu l'essentiel de ses actifs médias (des radios internationales, des magazines, dont Elle, des sites, dont Doctissimo et Boursier.com, Plurimedia...) dans l'objectif de ne garder, in fine, que Paris Match, Le Journal du Dimanche, Europe 1, Virgin Radio et RFM.

Cette stratégie va continuer en 2019. Les négociations avec M6 pour la cession des chaînes de télévision (dont Gulli, et sauf la chaîne Mezzo, qui sera cédée à part) sont en bonne voie, pour un montant qu'Arnaud Lagardère espère entre 200 et 230 millions, a-t-il déclaré lors de la présentation des résultats aux analystes.

Mais le groupe devrait désormais se concentrer sur d'éventuelles acquisitions, grâce aux fonds accumulés.

"Nous allons avoir un milliard d'euros grâce aux cessions", a expliqué Arnaud Lagardère. "C'est à la fois beaucoup et pas beaucoup. (...) Nous n'avons pas prévu de +buy-back+ (rachats d'actions NDLR), nous voulons avoir les moyens de nos ambitions si une opportunité de rêve se présente."

Il a reconnu avoir un temps envisagé le rachat du groupe français de restauration collective Elior, avant de renoncer au vu des dépenses d'investissement qui auraient été nécessaires.

En 2018, le "résultat opérationnel courant groupe", l'indicateur privilégié par Lagardère, a progressé de 2,1%, à 401 millions d'euros, à taux de change constants, et en "excluant l'impact des cessions de Lagardère Active et de l'acquisition de HBF", écrit Lagardère dans son communiqué.

Lagardère Travel Retail a finalisé en novembre le rachat de HBF (Hojeij Branded Foods) aux Etats-Unis, une chaîne de commerces et restaurants aéroportuaires.

"moteur de puissance"

Pour 2019, le groupe table sur une progression de son résultat opérationnel comprise entre 4% et 6% (toujours à taux de change constants et hors acquisition de HBF) pour son périmètre d'activités "cible", à savoir les activités qu'il conservera une fois terminé son programme de cessions.

"Nous avons un moteur de puissance qui est le +publishing+ (édition), et un moteur de croissance qui est le +Travel retail+ (ventes dans les gares et aéroports)", a expliqué Arnaud Lagardère. "Nous faisons un pari, atteignable, d'améliorer leur position."

"Il n'est pas interdit d'imaginer qu'on puisse gagner un ou deux rangs au sein des acteurs mondiaux dans le +publishing+", a-t-il ajouté.

L'édition a perdu 1,6% à 2,252 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2018, notamment à cause de l'absence de réformes scolaires et un effet de comparaison défavorable.

Mais en 2019, la branche pourra compter sur la réforme du lycée en France et la sortie d'un nouvel album d'Astérix pour se relancer.

Pour la branche Travel Retail, "on serait très déçus en-dessous de 5% (de croissance organique)", a estimé Gérard Adsuar, le directeur financier du groupe.

Il exclut, dans cette projection, HBF, qui doit réaliser une croissance de son chiffre d'affaires entre 15% et 19% grâce aux nouvelles concessions remportées et aux investissements à venir.

"On estime qu'il y a une place pour un acteur qui va, en jouant des coudes, remonter l'échelle des principaux acteurs", a assuré Arnaud Lagardère.

Il a en outre promis un "résultat record" pour la branche Sport, après un calendrier défavorable en 2018.

afp/rp