C'est de cette usine de Mayenne que provenait du lait infantile contaminé qui a intoxiqué des nourrissons l'année dernière et valu à Lactalis l'ouverture d'une information judiciaire pour tromperie et blessures involontaires.

Selon l'hebdomadaire satirique et l'Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), Lactalis a pris un risque en poursuivant parallèlement la commercialisation de poudres entrant dans la composition de desserts lactés sans avoir alors d'assurances sur leur salubrité.

"Les insinuations de possible contamination de ces poudres adulte sont infondées et basées sur des hypothèses non justifiées", a répondu dans un communiqué le groupe mis en cause. "Jamais le Groupe Lactalis n'aurait pu mettre sur le marché des produits qu’il savait contaminés."

"Le groupe Lactalis condamne fermement ces accusations visant à nuire à sa réputation et à la qualité de ses produits", lit-on également.

Selon le fabricant, les 8.000 tonnes de poudres pour adultes en question ont été produites dans une tour de séchage épargnée par la contamination et "conditionnées sur un circuit d’ensachage indépendant".

"ÊTRE LE PLUS TRANSPARENT POSSIBLE", DIT GRIVEAUX

Dans un communiqué publié après cette mise au point, l'AFVLCS se pose la question d'une éventuelle responsabilité des autorités dans la mise sur le marché du produit incriminé.

L'association demande "à connaître les éléments écrits que leur a communiqué Lactalis qui ont conduit les autorités à ne pas demander le retrait/rappel de ces produits et plus généralement de connaître les raisons qui ont conduit l'Etat à ne pas prendre en considération cette production".

Dans ce dossier, "il faut être le plus transparent possible", a dit pour sa part le porte-parole du gouvernement après le conseil des ministres, jugeant "évident qu'en matière de santé publique, aucune fraude ne peut être tolérée."

"Si la fraude devait être caractérisée, à l'évidence il faudrait qu'elle soit sévèrement sanctionnée", a insisté Benjamin Griveaux.

S'agissant du rôle des autorités dans cette affaire, le porte-parole a rappelé "que le 9 décembre 2017, les services de l'Etat ont imposé à Lactalis de rappeler plus de 600 lots de produits de nutrition infantile alors que Lactalis n'en avait rappelé initialement que 12."

"Deuxièmement la DGCCRF a remis fin décembre 2017 à la justice un procès verbal qui a conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire avec une infirmation judiciaire qui est là encore en cours."

"Si jamais Lactalis a essayé de frauder par rapport aux consignes qui lui avaient été données, alors évidemment elle doit être condamnée et c'est l'enquête qui permettra de déterminer sa responsabilité", a ajouté Benjamin Griveaux.

(Simon Carraud, Marine Pennetier et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)