Genève (awp) - Leclanché a affiché une vive croissance au premier semestre. Au regard des six premiers mois de l'an dernier, le spécialiste vaudois de solutions de stockage a doublé son chiffre d'affaires à 22,3 millions de francs suisses. En revanche, l'entreprise d'Yverdon-les-Bains a creusé sa perte opérationnelle, conséquence d'effets uniques.

Parmi ces éléments exceptionnels figurent les honoraires d'avocats et d'intermédiaires liés au plan de financement élaboré en début d'année, mais également les coûts liés à l'usine allemande de Willstätt, qui tourne encore à 15% de sa capacité suite à l'incendie qui avait endommagé les équipements en 2016.

La perte d'exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) a gonflé à 22,8 millions de francs suisses, contre un débours de 9,5 millions à fin juin 2017, a précisé vendredi Leclanché. Hors effets uniques, l'Ebitda s'est inscrit à -17,1 millions.

Ayant embauché plus de 45 nouveaux collaborateurs afin de mener à bien les gros projets actuellement en cours, l'entreprise a vu ses charges liées au personnel bondir de 10%.

L'effectif de l'usine allemande de Willstätt a été étoffé principalement dans le domaine de la production. Un important investissement a été consenti pour que les installations puissent retrouver leur capacité d'avant l'incendie - voire les dépasser - à 1 millions de cellules par année (800'000 précédemment).

Le site d'Yverdon a accueilli une trentaine de nouveaux employés. Des directeurs de projet et des ingénieurs doivent encore intégrer les équipes dans le Nord vaudois d'ici la fin de l'année, soit une quinzaine de postes supplémentaires.

Les stocks ont fortement augmenté, passant d'une année à l'autre de 12,3 à 23,1 millions de francs suisses, un envol qui reflète la forte demande des clients pour les solutions de stockage d'énergie de Leclanché, affirme la société. Sa marge Ebitda normalisée s'est en revanche améliorée à -77%, contre -89% à l'issue des six premiers mois de 2017.

Seuil de rentabilité pour 2020

Evoquant la suite de l'exercice, Leclanché s'estime en mesure de réduire sa perte d'exploitation d'ici la fin de l'année, sur la base de la vive croissance du chiffre d'affaires. L'entreprise vaudoise devrait avoir achevé la plupart des grands projets en cours. Côté revenus, celle-ci s'estime en bonne voie pour réaliser l'objectif de doubler ses ventes sur l'ensemble de 2018.

"En termes de profitabilité, le deuxième semestre sera bien meilleur que le premier", a indiqué à AWP Hubert Angleys, directeur financier (CFO) de la société yverdonnoise. Le seuil de rentabilité devrait être atteint en 2020, conformément aux attentes.

L'année 2018 constitue un exercice de transition pour Leclanché, après deux décennies des difficultés. L'entreprise a mis en oeuvre cette année un nouvelle stratégie de croissance.

La dynamique actuelle devrait se poursuivre l'année prochaine, à en croire le directeur financier. "Nous sommes en train de préparer une année 2019 qui devrait voir le chiffre d'affaires doubler, voire plus, par rapport à 2018."

Un nouveau contrat avec un "grand armateur norvégien" serait en passe d'être annoncé. Il concerne des ferries hybrides, a précisé le CFO. Pour l'instant, 80% du chiffre d'affaires provient des activités stationnaires, contre 20% pour le transport. A terme, cette proportion devrait respectivement être portée à 60%-40%.

Le siège yverdonnois de Leclanché devrait gagner encore en importance d'ici le quatrième trimestre 2019. "Une ligne pilote de production sera transformée en véritable ligne industrielle, ce qui devrait augmenter de manière significative la capacité de production. Nous nous attendons à recruter deux équipes, soit une vingtaine de personnes", a expliqué le CFO.

La performance semestrielle du groupe vaudois a visiblement séduit les détenteurs de capitaux. La nominative Leclanché a bouclé la séance sur une avancée de 1,55% à 1,96 franc dans des volumes élevés, à contre-courant de l'ensemble du marché (SPI), qui s'est délesté de 0,18%.

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