Genève (awp) - Des reports de projets, des capacités de production sous-utilisées et une forte embauche de personnel ont creusé les pertes de Leclanché en 2018. Mais l'entreprise vaudoise a multiplié par 2,7 son chiffre d'affaires et envisage de le tripler encore d'ici 2020, grâce à un carnet de commandes étoffé.

Les ventes du spécialiste du stockage d'énergie ont atteint 48,7 millions de francs suisses, un record depuis 22 ans. En 2017, le chiffre d'affaires n'avait pas dépassé 18 millions. La perte nette 2018 s'est montée à 50,7 millions (38,5 millions douze mois plus tôt), a annoncé vendredi le groupe yverdonnois.

Au niveau opérationnel (Ebitda), le débours s'élève à 39,1 millions (31,1 millions en 2017). Les pertes opérationnelles "se stabilisent" et devraient être conformes aux normes de l'industrie en 2020, relève le groupe.

"Nous prévoyons toujours le retour à la rentabilité opérationnelle en 2020, parallèlement à un chiffre d'affaires qui doit passer à 150 millions de francs suisses, considéré comme le point d'équilibre", a déclaré à AWP le chef des finances Hubert Angleys. "Mais pour relever ce défi, il nous faut encore trouver rapidement un financement de 40 millions, afin de tripler les capacités de production de cellules sur notre site allemand de Willstätt."

Diversifier l'actionnariat

A défaut, l'objectif devra être un peu reporté. En attendant, le carnet de commandes pour 2019 est "solide", et les projets adjugés dépassent 60 millions de francs suisses. Concernant les besoins de financement pour répondre aux développements attendus, le conseil d'administration ne compte pas, cette fois, sur l'actionnaire majoritaire Fefam. le fonds d'investissement a déjà injecté, sous diverses formes, plus de 200 millions de francs suisses depuis janvier 2016.

L'idée n'est pas de le solliciter davantage, mais de diversifier la structure de l'actionnariat. Fefam possède aujourd'hui 64% des parts et bientôt 72%, après la conversion de 35,9 millions de francs suisses de sa dette d'ici fin juin.

Revenant sur les pertes 2018, le directeur financier a précisé que les difficultés de financement rencontrées en 2017 ont entraîné le report de nombreux projets en 2018. Les livraisons ont alors dû se faire "avec des marges extrêmement réduites". Le recrutement d'une centaine de personnes a aussi gonflé les charges. Enfin, les capacités toujours réduites à Willstätt suite à l'incendie sur le site en 2016 ont encore pesé.

Le groupe se prévaut d'avoir renforcé son bilan et entrevoit des perspectives intéressantes dans ses nouvelles activités e-Transport Solutions, qui représentent 70% des commandes confirmées. Leclanché se profile "sur le marché en forte croissance" de l'e-Marine (bateaux à motorisation électrique) et progresse dans les fournitures pour les bus électriques, les camions et les trains. L'entrée sur le marché indien (bus électriques) ouvre l'horizon.

"Nos avons dépassé en 2018 la ligne directrice financière établie en décembre dernier devant les actionnaires. Notre stratégie de croissance fixée en 2015 est validée", se félicite dans le communiqué le directeur général Anil Srivastava. "Dans les activités stationnaires (Stationary Solutions), nous avons franchi le jalon important de 100 MWh de projets de stockage fixes installés en exploitation dans le monde", précise-t-il.

D'un peu plus de 200 employés l'an dernier, les effectifs doivent passer à 350 d'ici fin 2019, dont environ 130 à Yverdon, a précisé de son côté Hubert Angleys. Les embauches battent leur plein, en Allemagne et en Suisse.

A la Bourse, l'action Leclanché a terminé en baisse de 3,5% à 1,91 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,26%.

op/vj