"Nos perspectives économiques restent favorables, en dépit de l'évolution de la situation mondiale et des risques actuels", a déclaré son président, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse.

"Nous pensons que la politique monétaire est bien orientée pour servir le peuple américain en favorisant la poursuite de la croissance économique, un marché du travail solide et une inflation proche de notre objectif de 2%."

L'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds"), principal instrument de la politique monétaire aux Etats-Unis, reste fixé entre 1,5% et 1,75%, comme attendu par tous les économistes interrogés par Reuters avant la réunion.

Les nouvelles prévisions économiques de la Fed montrent que 13 des 17 responsables de la politique monétaire n'anticipent aucune modification des taux d'intérêt d'ici 2021 au plus tôt. Les quatre autres tablent sur une seule hausse l'année prochaine.

Aucun d'eux n'a donc estimé qu'une baisse de taux pourrait s'imposer en 2020, ce qui suggère que la Fed a réussi un atterrissage en douceur de sa politique monétaire après une période agitée marquée par une montée des risques de récession, une inversion de la courbe des rendements obligataires américains et les perturbations liées aux tensions commerciales internationales.

LES PRESSIONS INFLATIONNISTES TOUJOURS "CONTENUES"

Les conclusions du FOMC ont été adoptées à l'unanimité, pour la première fois depuis la réunion des 30 avril et 1er mai.

Sans évoquer directement le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, la Fed assure qu'elle continuera de surveiller l'évolution de la situation mondiale et les pressions inflationnistes toujours "contenues".

Wall Street a légèrement amplifié sa hausse après ces annonces et l'indice Standard & Poor's 500 gagnait 0,24% vers 20h20 GMT.

Sur le marché des changes, le dollar cédait alors 0,36% face à un panier de devises de référence et le rendement des bons du Trésor américain à dix ans reculait de plus de quatre points de base à 1,7896%.

"C'est exactement conforme aux attentes mais il ne faut pas en conclure que c'est ennuyeux ou sans intérêt", estime Kristina Hooper, responsable de la stratégie de marché d'Invesco.

"On est à un stade où le chômage est à 3,5% mais où la Fed ne prévoit pas de relever les taux l'an prochain. C'est phénoménal quand on replace ça dans le contexte de ce qu'on a observé en matière de politique monétaire au cours des dernières décennies."

La Fed avait laissé clairement entendre fin octobre, après sa troisième baisse de taux d'un quart de point en trois mois, qu'elle interrompait le cycle d'assouplissement de sa politique et que seul un choc économique "important" pourrait la conduire à modifier de nouveaux les taux.

CROISSANCE, CHÔMAGE BAS ET INFLATION MODÉRÉE EN VUE

Les prévisions économiques détaillées mercredi par l'institution varient peu par rapport à celles présentées en septembre mais son communiqué ne fait plus référence aux "incertitudes" entourant les perspectives économiques, contrairement à celui d'octobre.

La médiane des estimations de croissance de la Fed ressort à 2% pour 2020 et 1,9% pour 2021; le taux de chômage devrait rester tout au long de l'année prochaine à son niveau actuel de 3,5% avant de remonter à 3,6% en 2021 et l'inflation ne devrait remonter que légèrement, à 1,9% l'an prochain.

"Le marché du travail reste solide et (...) l'activité économique croît à un rythme modéré", dit la Fed, tout en précisant que l'investissement des entreprises et les exportations restent ralenties.

La situation économique aux Etats-Unis devrait être l'un des grands enjeux de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre 2020. Donald Trump, qui vise un deuxième mandat à la Maison blanche, a critiqué à de nombreuses reprises la Fed ces derniers mois en lui reprochant de ne pas baisser les taux plus, et plus vite.

(Version française Marc Angrand, édité par Simon Carraud)

par Howard Schneider et Lindsay Dunsmuir