par Andrea Shalal et David Alexander

SIMI VALLEY, Californie, 16 novembre (Reuters) - La capacité de l'armée américaine à rester à la pointe de la technologie, devant les autres pays, et à faire face à des crises multiples à travers le monde, est d'ores et déjà entamée et la situation ne fera qu'empirer si les autorités ne reviennent pas sur les réductions budgétaires obligatoires prévues, ont averti samedi des hauts responsables américains.

L'amiral Jonathan Greenert, chef des opérations navales de la marine américaine, a déclaré à Reuters que la marine devrait réduire ses forces et limiter ses déploiements de bâtiments de guerre à travers le monde si les élus du Congrès n'atténuent pas ou n'annulent pas les coupes budgétaires, qui doivent reprendre au cours de l'année fiscale 2016.

"La guerre électronique, les attaques électroniques, la traque des sous-marins - dans tous ces domaines de pointe, la situation continuera de péricliter parce que nous n'investissons tout bonnement pas", a-t-il dit dans une interview, réalisée lors d'une conférence à la bibliothèque présidentielle Reagan.

La capacité de la marine américaine à conserver un avantage sur des adversaires potentiels "se détériorera fortement" si l'on ne revient pas sur les coupes budgétaires, a-t-il conclu.

Invoquant les foyers de tension dans le monde et les menaces de plus en plus grandes, de l'annexion de la Crimée par la Russie à la progression des djihadistes en Syrie et en Irak, l'amiral Greenert et d'autres responsables américains appellent le Congrès à en finir avec ces réductions budgétaires - appelées "séquestre".

RALENTISSEMENT DES ACQUISITIONS

Des cadres de sociétés comme Lockheed Martin, Huntington Ingalls Industries et Raytheon ont déclaré qu'ils réduisaient les frais généraux pour faire baisser le prix des armes qu'ils vendent à l'armée, mais ont ajouté que les incertitudes budgétaires limitaient leur capacité à engager les investissements nécessaires.

Selon des responsables du complexe militaro-industriel, l'évolution du paysage politique et la montée des menaces vont sans doute accroître les chances de revenir sur les réductions budgétaires.

L'amiral James Winnefeld, vice-président de l'état-major interarmes américain, a expliqué lors de la conférence que les acquisitions de nouveaux armements s'étaient ralenties.

"Nous ne nous modernisons pas aussi vite que nous le devrions dans un environnement technologique hautement concurrentiel. Pratiquement chaque composante de nos forces est revue à la baisse, alors même que les menaces potentielles, elles, augmentent", a-t-il ajouté.

La secrétaire à l'Armée de l'air Deborah James a déclaré que la moitié des forces aériennes américaines n'avait pas un niveau d'entraînement et d'entretien nécessaire pour faire face à des crises majeures. Quant au général de marine Joseph Dunford, il a estimé que la moitié seulement des forces navales basées aux Etats-Unis étaient actuellement à même d'être déployées. (Eric Faye pour le service français)