La période estivale n’aura pas profité aux marchés pétroliers. Ces derniers peinent à emprunter une trajectoire lisible et demeurent grandement partagés entre les craintes de voir les conflits commerciaux s’éterniser et l’intensification des tensions géopolitiques.

A ce titre, la récente attaque d’une installation pétrolière et gazière sur le champ de Shaybah, appartenant à Saudi Aramco, par les rebelles yéménites, relance les frictions géopolitiques dans la région. Bien que cet incident ne se soit pas soldé par une interruption de la production selon la compagnie nationale saoudienne, force est de constater que la multiplication de ces escarmouches fait courir un risque sur les exportations de brut de la région, d’autant plus que le champ de Shaybah constitue un peu moins de 10% de la production totale du géant saoudien.

En parallèle, le marché ajuste son curseur d’appétit pour le risque en fonction des négociations commerciales sino-américaines, tantôt encourageantes, tantôt ajournées. Il n’est pas sans rappeler que ces tractations commerciales conditionnent plus ou moins les guidances en termes de demande de pétrole. Sans surprise, celle-ci demeure au centre des préoccupations des opérateurs, dont le moral n’est pas au plus haut compte tenu de l’étonnant pessimisme de l’OPEP, qui prévoit un nouvel excédent pétrolier en 2020.

Dans son dernier rapport, le cartel a une nouvelle fois révisé à la baisse sa prévision de croissance de la demande de brut cette année en raison d’un ralentissement de la croissance mondiale. Pour autant, on ne peut nier les efforts de l’Organisation pour soutenir les cours. La production de l’OPEP a une nouvelle fois baissé sur le mois de juillet (à 29.6 mbj) avec un taux de conformité global de près 160%. Comme sur les précédents mois, l’Arabie Saoudite réduit ses propres extractions au-delà de son quota afin de pouvoir introduire en bourse son joyau pétrolier, Saudi Aramco, dans les meilleures conditions de marché. Malgré de nombreux rebondissements et désillusions de ce qui qualifié de « l’IPO du siècle », Ryad viserait une introduction en bourse au cours des deux prochaines années. Preuve en est, le géant pétrolier a pour la première fois dévoilé ses bénéfices de l’exercice 2018, de loin les plus élevés au monde, à 111 milliards de dollars.

Du côté des Etats-Unis, si le nombre de plateformes pétrolières tend à se tasser, la production se stabilise autour de 12 mbj, non loin des records US de production de brut. Dans son dernier rapport sur les perspectives énergétiques aux Etats-Unis, l’EIA s’attend toujours à ce que la production américaine atteigne un niveau record cette année ainsi qu’en 2020, et ce malgré les difficultés financières rencontrées par les producteurs de pétrole de schiste. Dans ce contexte, les stocks US évoluent toujours dans la fourchette supérieure de leur moyenne à 5 ans. 

Evolution des stocks de pétrole US - source : EIA

D’un point de vue graphique, en unités de temps hebdomadaires, la tendance demeure toujours baissière, à l’image de la pente des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines. La configuration apparaît ainsi fragile tant que les prochaines résistances bloqueront les rebonds techniques. Il faudra à ce titre déborder les 67 USD afin de renouer avec une tendance plus positive. A contrario, les vendeurs s’efforceront de tenir leurs positions courtes jusqu’au prochain support majeur situé à 53 USD.