Les opérateurs restent effectivement partagés entre la robustesse de la production américaine, qui alimente les risques de surabondance dans un contexte de ralentissement économique mondial, et un rééquilibrage artificiel, porté par la volonté de l’OPEP de réguler le marché. C’est notamment cette indécision grandissante qui provoque des mouvements de sur-réaction dans un sens comme dans l’autre, caractéristique d’un marché à fleur de peau.

Si la légitimité du cartel pétrolier à endosser le rôle de "swing producer" s’est effritée dernièrement, force est de reconnaître que le chef de file, l’Arabie Saoudite, met tout en œuvre pour rassurer le marché. Le royaume saoudien prend effectivement de l’avance sur l’accord de limitation de production qui entrera en vigueur cette année puisque ses exportations ont d’ores et déjà décliné sur le mois de décembre. Pour rappel, l’OPEP et ses partenaires, dont la Russie, se sont accordés à réduire l’offre de 1.2 millions de barils par jour (mbj) en 2019.

Plus globalement, le marché apprécie la baisse de la production de l’OPEP, qui est tombé à 32.67 mbj, soit un recul de 460 000 barils par jour par rapport au mois de novembre. Toutefois, cette sensible diminution de la production est aussi à mettre sur le compte de baisses involontaires, notamment en Libye et en Iran.

Il ne fait guère de doute que les opérateurs attendent davantage de preuves tangibles de la capacité du marché à se rééquilibrer au cours de l’année. Entendons-nous, l’OPEP joue gros et monte au créneau pour orienter les anticipations vers un équilibre dès le premier trimestre. A ce titre, le cartel ne devra pas faillir à sa mission, au risque d’envenimer la situation.

En attendant, ces inquiétudes de court terme, aussi légitimes qu’elles soient, masquent une tout autre réalité, celle du manque d’investissement dans l’appareil productif mondial et plus particulièrement pour les producteurs de pétrole conventionnel. On ne manquera pas de rappeler que la forte volatilité observée sur les marchés pétroliers ne tend pas à améliorer ce problème épineux, qui rattrapera tôt ou tard les acteurs du secteur.