Londres (awp/afp) - Le géant britannique des télécoms BT a choisi de se séparer de son directeur général Gavin Patterson au moment où le groupe tente de se relancer et afin de parer à un début de fronde d'actionnaires.

BT a annoncé vendredi dans un communiqué le départ prochain de son directeur général en poste depuis 2013, alors que M. Patterson venait d'annoncer le mois dernier une profonde restructuration de l'ex-opérateur historique.

M. Patterson, 50 ans, lâchera les rênes du groupe plus tard cette année, précise le groupe, en ajoutant que le conseil d'administration comptait lui trouver un successeur au cours du second semestre.

Le départ du dirigeant aux allures de playboy, est annoncé alors que, selon la presse britannique, certains actionnaires commençaient à douter de la stratégie du directeur général sur fond de déprime du cours de Bourse et de mauvais résultats financiers.

"Le conseil d'administration soutient pleinement la stratégie récemment mise en place par Gavin et son équipe", a assuré dans le communiqué le président de BT, Jan du Plessis.

"L'importante réaction à la publication récente de nos résultats a toutefois démontré à Gavin et moi-même qu'un changement de leadership était nécessaire pour mener cette stratégie", a-t-il complété.

De son côté, M. Patterson, qui aura passé au total 14 ans au sein du groupe, a souligné que "cela avait été un honneur de diriger BT depuis 2013", se disant "fier" de la transformation de la société ces dernières années, avec notamment le lancement de BT Sport, l'achat de l'opérateur mobile EE ou la plus grande indépendance accordée à sa filiale gérant le réseau britannique.

- Suppressions d'emplois -

Mais les performances de BT ont été largement en demi-teinte ces dernières années, entre vive concurrence dans l'internet et le mobile, et la mise au jour, fin 2016, d'un retentissant scandale comptable dans sa branche italienne.

Pour tenter de se relancer, le groupe a annoncé en mai une vaste restructuration avec la suppression de 13.000 emplois administratifs et d'encadrement ainsi que le déménagement de son siège londonien qui se situe pour l'heure au coeur du quartier des affaires de la City.

Le groupe, qui compte plus de 100.000 salariés dans le monde, avait déjà dévoilé l'an passé la suppression de 4.000 emplois.

Avec ce nouveau plan annoncé le mois dernier, BT compte réduire ses coûts de 1,5 milliard de livres en trois ans, en veillant à réduire le nombre de sites opérationnels, afin de créer de la valeur pour les actionnaires et maintenir sa position dans le secteur des télécoms.

Les perspectives financières pour BT sont loin d'être roses. S'il a un peu amélioré ses profits sur l'exercice 2017-2018, il prévoit pour l'exercice en cours une baisse de son chiffre d'affaires et de sa rentabilité.

L'ex-British Telecom est actif dans la téléphonie fixe, l'internet, la télévision et, depuis le rachat de l'opérateur britannique EE, il est aussi un acteur important dans la téléphonie mobile.

- Perte de confiance -

Au Royaume-Uni, où il possède les droits d'une partie de la Premier League de football, il propose des offres "quadruple play", face à des acteurs puissants dans la télévision, comme Sky, ou les services mobiles comme Vodafone.

La nouvelle de son départ semblait pour l'heure satisfaire le marché.

Le titre du groupe était l'une des rares valeurs en hausse vendredi matin à la Bourse de Londres, avec une progression de 0,74% à 204,45 pence vers 08H50 GMT. BT évoluait jusqu'alors au plus bas en six ans en en Bourse après avoir perdu la moitié de sa valeur en deux ans.

"Les résultats décevants et la chute du cours ont fait perdre patience aux investisseurs", explique Neil Wilson, analyste chez Markets.com, qui pointe le gouffre financier des droits du foot, la perte d'abonnés de l'offre TV et l'intégration difficile de EE.

Selon lui, "maintenant que son règne chaotique s'achève et que la difficile restructuration est annoncée, les investisseurs peuvent se projeter vers l'avenir".

Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets, se veut plus circonspect et se demande "quelle est la logique de changer de patron s'il doit continuer à mener la même stratégie bancale".

afp/rp